Le temps d’un « printemps », la fac du « Mirail » à Toulouse a renoué avec sa vieille tradition marxiste. Elle vient d’être évacuée.
Devançant le retour annoncé de Mai 68, l’administration de l’université du Mirail, désormais appelée Toulouse 2 – Jean Jaurès (plus de 30.000 étudiants) était en grève depuis décembre. Et depuis trois mois, les étudiants bloquaient le campus et les bâtiments de Toulouse 2. En cause, le projet de fusion avec l’université Paul-Sabatier, l’INP et l’INSA, qu’a voulu imposer Daniel Lacroix contre l’avis du conseil d’administration, de la majorité des professeurs et des étudiants. S’est ensuite greffé à cette protestation le rejet de la loi ORE. La grève des étudiants et du personnel administratif était organisée par la CGT, le NPA et la France insoumise. Le 20 mars, face à la paralysie générale, la ministre de l’Enseignement supérieur dissout les conseils centraux, place l’université sous tutelle, destitue le président Lacroix et nomme un administrateur provisoire, Richard Laganier.
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La lutte des classes, pas des races
Le blocus ne semble pas, cependant, avoir profité aux revendications néoféministes et racialistes, dans une université où elles sont très présentes, en philosophie notamment. « Au Mirail, il y a aussi une vieille tradition marxiste, répond un professeur. Ici, c’est la lutte sociale à l’ancienne. Les professeurs sympathisants des indigénistes sont restés silencieux. »
Les AG, visibles sur le net, révélaient un rêve de convergence des luttes et une rhétorique d’autrefois. Les syndicalistes défilaient, les étudiants se donnaient du « camarade », un jeune homme évoquait les « violences policières fascistes », les « milices fascistes » et les « groupuscules fascistes et nazis du GUD » ; un vocabulaire dont ses grands-parents usaient il y a cinquante ans et ressorti du placard pour un remake on ne peut plus attendu. Le matérialisme historique à l’épreuve de la société du spectacle.