Dans le numéro de novembre de Causeur, nous nous mobilisons contre une proposition de loi visant à sanctionner les clients des prostituées, sans interdire formellement la prostitution. Punir ce qui n’est pas interdit, ça laisse rêveur.
Causeur a décidé de batailler par l’humour pour cette cause sérieuse : au cœur de notre dossier sur la question, nous lançons la pétition « Touche pas à ma pute », contre la criminalisation des clients de prostituées. La question est d’importance : car au-delà de la prostitution, les propos tenus par les « abolitionnistes » indiquent que, sous couvert de protéger les femmes, c’est une guerre contre les hommes, considérés comme des délinquants sexuels en puissance, qui a été ouverte : « Les victimes sont presque toujours des femmes (….). Les clients sont toujours des hommes : ils achètent et imposent leurs propres désirs », peut-on lire dans la « Pétition des jeunes pour l’abolition de la prostitution ».
Nous ne défendons pas la prostitution, nous défendons la liberté. Et quand le Parlement se mêle d’édicter des normes sur la sexualité, notre liberté à tous est menacée.
Nous avions souhaité attendre la sortie en kiosque du numéro de novembre (le jeudi 7) pour publier ce « Manifeste des 343 salauds ». Malheureusement, certains de nos confrères n’ont manifestement pas respecté la tradition de l’embargo. Ainsi, depuis 24 heures, ce texte est cité et discuté partout, sauf à Causeur… Pour mettre fin à cette anomalie, nous avons décidé de le publier avant même la sortie du journal, son envoi aux abonnés et sa mise en vente en kiosque. L’essentiel reste d’avoir ouvert le débat.
Le manifeste des 343 salauds
En matière de prostitution, nous sommes croyants, pratiquants ou agnostiques.
Certains d’entre nous sont allés, vont, ou iront aux « putes » – et n’en ont même pas honte.
D’autres, sans avoir été personnellement clients (pour des raisons qui ne regardent qu’eux), n’ont jamais eu et n’auront jamais le réflexe citoyen de dénoncer ceux de leurs proches qui ont recours à l’amour tarifé.
Homos ou hétéros, libertins ou monogames, fidèles ou volages, nous sommes des hommes. Cela ne fait pas de nous les frustrés, pervers ou psychopathes décrits par les partisans d’une répression déguisée en combat féministe. Qu’il nous arrive ou pas de payer pour des relations charnelles, nous ne saurions sous aucun prétexte nous passer du consentement de nos partenaires. Mais nous considérons que chacun a le droit de vendre librement ses charmes – et même d’aimer ça. Et nous refusons que des députés édictent des normes sur nos désirs et nos plaisirs.
Nous n’aimons ni la violence, ni l’exploitation, ni le trafic des êtres humains. Et nous attendons de la puissance publique qu’elle mette tout en œuvre pour lutter contre les réseaux et sanctionner les maquereaux.
Nous aimons la liberté, la littérature et l’intimité. Et quand l’Etat s’occupe de nos fesses, elles sont toutes les trois en danger.
Aujourd’hui la prostitution, demain la pornographie : qu’interdira-t-on après-demain ?
Nous ne céderons pas aux ligues de vertu qui en veulent aux dames (et aux hommes) de petite vertu. Contre le sexuellement correct, nous entendons vivre en adultes.
Tous ensemble, nous proclamons :
Touche pas à ma pute !
Premiers signataires: Frédéric Beigbeder, Nicolas Bedos, Philippe Caubère, Marc Cohen, Jean-Michel Delacomptée, David Di Nota, Claude Durand, Benoit Duteurtre, Jacques de Guillebon, Basile de Koch, Alain Paucard, Jérôme Leroy, Richard Malka, Gil Mihaely, Ivan Rioufol, Luc Rosenzweig, François Taillandier, Eric Zemmour.
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