Les affaires reprennent. Toute occasion est bonne pour parler de l’islam, ou plutôt pour causer des prescriptions de cette religion-de-paix (j’aimerais bien d’ailleurs qu’on finisse par me présenter une religion-de-guerre, ça doit être amusant à regarder) qui décidément sont innombrables. Les Juifs eux-mêmes peuvent aller se rhabiller, et à leur place je serais gravement jaloux. Moïse tout petit joueur, et buisson ardent, Sinaï et tables de la loi ou pas, Mahomet le rétame en cinq secs, sûrement grâce à sa jument volante, en termes de commandements.
Ainsi, avant-hier, on apprenait l’indispensable, c’est-à-dire la distinction entre hijab, tchador, tchadrit, burqa et je ne sais plus trop quoi parce que j’avoue que j’ai dormi au fond de la classe ; hier, c’était prophétologie en cours magistral, où il fallait connaître les morceaux du prophète qu’on a le droit de représenter, de face et de dos et même que Charlie qui l’a dessiné direct en tenue d’Adam a eu zéro. Faut dire qu’il est pas très fort en arts plastiques, Charlie, à sa place je changerais d’UV.
Aujourd’hui, c’était cours de marelle avec versets du Coran : paf, tu tombes sur un caractère arabe sorti de la bouche d’Allah, tu vas tout de suite en enfer, et tu touches pas vingt mille francs. C’était sacrément dur comme exercice parce qu’en plus on ne nous avait pas donné la règle du jeu avant qu’il commence. Comme l’a finement remarqué le camarade Moreau, heureusement qu’un imam sans doute samaritain d’origine passait par là, sans quoi la courbe du chômage des vierges au Paradis aurait atteint des niveaux mitterrandiens. Il a mis tout le monde d’accord et comme c’était l’heure des mamans, on est rentré chez nous. Même l’artiste marocain inventeur du jeu qui a fait semblant d’être un peu déçu, au fond il était bien content que tout le monde se soit entretué au sujet de son œuvre.
Mais moi si j’avais su, j’aurais fait école buissonnière pour aller jouer avec un Algérien plutôt qu’avec un Marocain. L’Algérien, ça fait tout de suite moins dans la dentelle, ça fait pas des manières de sensitives, ça fait pas des pièges du type qui perd gagne ou qui marche meurt. Lui, Adel Abdessemed, il a tout compris : il a fait quatre Christ en fil de fer barbelé, à double lame paraît-il. Bon, il a un peu pompé le Retable d’Issenheim de Grünewald, mais tout de même avec génie. C’est d’ailleurs la seule œuvre de lui qui je trouve réussie, mais ça suffit à le sauver. On peut la voir dans une grande rétrospective que lui consacre Beaubourg. Futé le gars, il a écrit à l’entrée « attention aux arêtes coupantes », et c’est vrai que le Christ ça tranche, et il a intitulé son expo « Je suis innocent », ce qui est de la bonne théologie puisque comme dit le Père Molinié, dans l’histoire c’est Jésus qui est coupable de tout pour tous. Lui, Abdessemed, il est comme vous et moi, il est innocent. Je sais que vous êtes tristes quand je vous dis ça, parce que vous aimez bien être pécheurs, transgresser la morale et tout ça, mais en fait ça vous en touche une sans faire bouger l’autre. Parce que là il y a un homme-barbelé qui a déjà tout anticipé et plus vous faites le malin, plus il est tranchant. La double-lame, c’est pas bête du tout : quand vous croyez vous faire du mal, c’est à lui que vous le faites, et réciproquement. Lui, je l’avoue sans honte, c’est mon dieu à moi, et c’est un dieu qu’on touche. C’est celui à qui on met du parfum sur les pieds puis qu’on essuie avec ses cheveux, c’est celui qu’on fouette et qu’on crucifie, c’est celui qu’on embaume, et celui dans les plaies de qui on met son doigt. Mais pour faire tout ça, comme ça coupe, faut avoir des couilles. Aussi, cher lecteur, si tu es un homme, je te le dis tout de go : touche à mon Dieu !
Ça te reposera de ceux des autres.
*Photo : isobrown.
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