Le rappeur iranien Toomaj Salehi, 33 ans, est accusé par le régime islamiste des mollahs d’avoir soutenu le mouvement de contestation des femmes à travers ses chansons et sur les réseaux sociaux. En France, à l’exception de Joey Starr, que ce soit dans l’équipe nationale de foot, parmi nos acteurs férus de pétitions, ou à la cérémonie des Flammes (les victoires « engagées » de la musique rap), personne ne prend la parole pour s’indigner de sa condamnation à mort. Pourquoi?
Un rappeur iranien très célèbre dans son pays, Toomaj Salehi, va être pendu à cause de son soutien aux manifestations après la mort de Mahsa Amini. La condamnation de ce rappeur de 33 ans est « inacceptable », a dénoncé le ministère des Affaires étrangères français. C’est tout et ce n’est rien.
Toomaj Salehi est incarcéré depuis le mois d’octobre 2022. Dès le début de la révolte des jeunes femmes iraniennes contre l’obligation de se voiler, avec les multiples violences, emprisonnements et exécutions qui ont suivi, il a défendu avec courage et talent leur cause, conscient des risques qu’il encourait de la part de ce régime barbare, sans illusion sur son propre futur.
Silence assourdissant
Et pourtant, hors d’Iran, personne ne proteste, personne ne hurle.
Tous ceux, artistes, journalistes, intellectuels, qui chez nous n’hésitent pas à pourfendre la moindre des atteintes aux droits de l’Homme, à fustiger la sévérité même la plus justifiée à l’encontre des débordements des manifestations, demeurent dans la réserve. Pas la moindre pétition, pas le moindre rappeur national en solidarité. Pas le moindre Mbappé ou Griezmann pour s’élever contre l’horreur à venir. Les ligues et associations s’en lavent les mains.
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Alors que nous avons combattu la peine de mort, souvent édictée avant son abolition à l’encontre d’auteurs de crimes pourtant impardonnables, on demeure sans réaction face à la future pendaison non seulement d’un innocent absolu mais d’un juste, d’un héros.
300 personnes rassemblées dimanche place de la Bastille en soutien au chanteur
Il sacrifie sa vie pour un idéal bénéficiant de l’assentiment d’une large partie du monde mais on constate une très médiocre réactivité des pouvoirs, impuissants ou indifférents à l’égard de la cruauté de l’Iran et de son cynisme, s’appuyant sur la conscience que personne ne viendra troubler cette envie de pendre à tout-va.
Mes admirations les plus authentiques se sont toujours portées sur des personnalités accomplissant leur devoir et soucieuses de leur honneur, quoi qu’il en coûte, avec une obstination tranquille. Avec aussi un immense courage assumant, pour la grandeur des causes, les tragiques conséquences dont ils seront un jour victimes. Je songe au juge Falcone et, aujourd’hui, à ce magnifique rappeur iranien. Il va être pendu et on ne bouge pas. On va lui offrir nos mots, notre compassion. C’est tout et ce n’est rien. Honte à nous.