Quelle est la place du livre et des écrivains dans les salons du livre?
Devant témoins, je l’ai affirmé à plusieurs reprises. Je n’y retournerai pas ! Question de principe et de dignité. Je me rengorgeais de cette décision. Je n’étais pas peu fier de cette prise de parole qui me valait l’ironie de mes confrères et la méfiance de mes éditeurs.
« Morales n’est qu’un snob » me rétorquait-on pour me disqualifier. Il a peur de se confronter aux atermoiements des acheteurs et à l’indifférence générale. Moi, le défenseur du barbecue et des foires à la saucisse, des brocantes sauvages et des slows italiens, du topless et d’Aldo Maccione, des Citroën GS « vert pomme » et des Pécasseries en tout genre. J’encaissais cette avanie sans répliquer. Nerveusement, je n’en avais plus la force. Sincèrement, c’est au-dessus de mes moyens psychologiques. Tout me terrifie dans ces réunions censées vanter les vertus du livre et les splendeurs de la littérature dans des salles polyvalentes.
Le livre comme un fruit décati
Les allées vides, les auteurs à touche-touche dans cette fausse camaraderie rappelant les chambrées du service militaire et puis surtout, le regard des inquisiteurs du jour, terriblement déstabilisant et éprouvant pour la santé mentale déjà fragile des
