Les musées de Courbevoie et de Colombes proposent des rétrospectives consacrées à Théodule Ribot. Ce peintre majeur du XIXe siècle à la noirceur tranquille actualise magistralement la tradition caravagesque.
Nous sommes en 1884, à l’hôtel Continental, rue Castiglione, à Paris. Il y est donné un grand banquet. Divers orateurs se succèdent. Un dernier homme se lève avec difficulté. Il est ému. « Je bois à l’art ! bredouille-t-il. À l’art que j’aime ! À l’art de nos maîtres ! À l’art de Millet, de Corot, de Daubigny, de Courbet ! » Puis il éclate en sanglots. Son discours s’arrête là. Il est vieux et malade. Il est coiffé d’une faluche, sorte de béret prisé des artistes et des étudiants. C’est un peintre qui se nomme Théodule Ribot[tooltips content= »À ne pas confondre avec l’autre Théodule Ribot, philosophe et psychologue actif à la même époque. »]1[/tooltips]. Il est peu connu du grand public, mais immensément respecté par ses pairs. Boudin, Corot, Daubigny, Monet, Rodin, De Nittis et beaucoup d’autres sont venus. Ils veulent fêter le vieux maître tant qu’il est encore temps. À sa mort, en 1891, on lui fait un enterrement en grande pompe, façon IIIe République. On donne même, dans un délai record, son nom à une rue de Paris (à proximité du parc Monceau).
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Théodule Ribot est un autodidacte persévérant. Né en 1823 dans l’Eure, il appartient au milieu modeste de la petite bourgeoisie rurale. Il s’intéresse tôt au dessin et à la peinture. Cependant, son père meurt au moment où il pourrait envisager d’intégrer une école d’art. Au lieu de cela, pour faire vivre sa famille, il doit enchaîner des emplois alimentaires. Sa peinture progresse dans les interstices de temps qui lui restent. Toute sa vie, il mène une
