Paolo Sorrentino nous surprend avec sa série pas franchement progressiste, diffusée par Canal +
Dans The New Pope, John Malkovich, dans le rôle d’un évêque britannique, succède à Pie XIII, le jeune pape interprété par Jude Law qui tombait dans le coma une saison plus tôt.
Nous retrouvons les mêmes séquences pop-déjantées qu’en première saison à une différence près, on voit plus grand. De nouveaux personnages, de nouvelles intrigues, et donc deux nouveaux papes.
Pas progressiste pour un sou
Le progressisme n’est pas à l’honneur dans les séries de Paolo Sorrentino. La première saison mettait en scène un pape beau gosse et conservateur, américano-italien, qui, malgré la réticence générale de la Curie romaine, redonnait à l’Église son panache d’antan. Rien de tout cela ne donnait à penser que Canal + diffuserait un deuxième volet de l’aventure ! Les critiques sont pourtant unanimes, le génie cinématographique du réalisateur apaise toutes les parties.
Ce qui paraît sacré aux yeux de Paolo Sorrentino nous parvient tel quel, intact. Les miracles ont leur part de mystère et de beauté. Ce qui plombe l’Église, le réalisateur le montre sans détour. La pédophilie, la corruption des cardinaux et le terrorisme islamiste font le malheur de l’État pontifical confronté à des situations extrêmes. Le public est amené à se demander où se trouve la part de vrai dans cette fiction.
Sorrentino réalise l’exploit d’allier blasphème et… foi en l’Eglise
La beauté des plans, la complexité des personnages d’Église, l’omniprésence du second degré et la place donnée à la libre interprétation laisse le choix au spectateur: se faire un avis ou de ne pas prendre parti. À l’inverse, certains événements ne laissent donc pas indifférents quant à leur ressemblance avec l’état actuel de l’Église.
À l’hospitalisation de Pie XIII, un premier pape est élu, le confesseur du Vatican, idiot utile des cardinaux, qui se révèle être un franciscain fanatique. Sa ressemblance avec le pape François dépasse le physique. François II revend donc toutes les richesses du Vatican pour les donner aux pauvres, ouvre les portes de la Cité-État aux migrants, semant le chaos, la peur et l’adversité dans la maison de Saint Pierre. Les traits sont grossis, mais l’esprit y est.
Beaucoup de subversion. C’est là la force du projet de Sorrentino qui allie blasphème et respect, foi et nihilisme. Le second degré sauve évidemment la mise et la présence de guest stars comme Sharon Stone ou encore Marylin Manson qui vouvoient le Saint Père ajoute à la fantaisie du réalisateur. Cela faisait longtemps que Canal + n’avait pas diffusé quelque chose d’aussi bon.
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