Le président israélien d’un festival de cinéma accuse un film réalisé par un hindou de propagande… anti-musulmane.
Un film indien est au centre d’une controverse entre hindous, musulmans et Israéliens. The Kashmir Files, du cinéaste Vivek Ranjan Agnihotri, revisite les événements des années 1989-1990 quand des rebelles musulmans ont forcé des hindous à fuir la région du Cachemire amèrement disputée par l’Inde et le Pakistan. Sorti en mars et promu par les nationalistes hindous du Bharatiya Janata Party du Premier ministre indien, Narendra Modi, le film a connu un véritable succès commercial. Mais il a enflammé les tensions en Inde et a même provoqué des émeutes lors des premières projections en salle. Les condamnations proviennent de la communauté musulmane qui l’accuse d’islamophobie.
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Lors du festival du film international de Goa, fin novembre, le président du jury, le cinéaste israélien Nadav Lapid, a abondé dans ce sens, qualifiant l’opus d’Agnihotri de « propagande » vulgaire indigne d’un festival artistique. Il a tout de suite fait l’objet d’attaques de la part des nationalistes hindous et même de la part de l’ambassadeur israélien à New Delhi qui, soucieux de préserver les bonnes relations intergouvernementales, a tweeté une lettre ouverte à son compatriote, déclarant : « Vous devriez avoir honte. » Agnihotri et ses défenseurs, comme le journaliste vedette Aditya Raj Kaul, font souvent le parallèle entre son film et La Liste de Schindler (et parfois Le Pianiste de Polanski) car, à leurs yeux, les deux révèlent la vérité sur un génocide. Agnihotri traite ceux qui n’acceptent pas sa vision des événements du Cachemire de « négationnistes » (genocide-deniers). Le vocabulaire et les références cinématographiques de la Shoah se sont installés dans les disputes interreligieuses en Inde.