Dans The Captain, le réalisateur allemand, Robert Schwentke, met en scène la fin terrible du soldat Willi Herold qui, dans les derniers instants du IIIe Reich, s’est converti en capitaine de la mort.
Dans deux semaines, le Troisième Reich s’effondrera. Des unités entières de la Werhmacht livrées à elles-mêmes désertent, pillent, violent. Ce qui avait débuté avec panache et dans l’ivresse de la victoire s’achève dans la honte, la peur et le seul désir de survivre. Baiser la vie ou se laisser baiser par elle.
Willi Herold, captain flammes
Un jeune déserteur, vingt ans et des poussières, Willi Herold – magnifiquement interprété par l’acteur bernois Max Hubacher – est aidé par le destin : sur une route abandonnée, il découvre une jeep et un uniforme de capitaine. Il décide alors de changer d’identité : il sera désormais le capitaine Willi Herold, chargé par Hitler lui-même d’une « mission spéciale » : traquer les déserteurs. De victime, il se métamorphose en bourreau et y prend un plaisir qu’il n’aurait jamais cru à sa portée. Revêtir un uniforme de gradé et usurper une fonction, quoi de plus jouissif ? Encore faut-il se couler dans cette nouvelle identité.
Le capitaine Willi Herold a toutes les qualités nécessaires, y compris pour s’imposer auprès de la S.S. Il lui suffit de se montrer plus cruel, plus monstrueux encore et plus nationaliste que tous les officiers qui errent sur les routes allemandes, désabusés et défaitistes. Il était leur souffre-douleur, il sera le miroir de leur veulerie. L’heure des exécutions sommaires a sonné et c’est à lui, l’usurpateur, d’en être l’ordonnateur.
« Si tu ne baises pas la vie… »
Le film de Robert Schwentke, tourné en noir et blanc, est d’une noirceur absolue. À déconseiller aux âmes sensibles, comme on le disait jadis. Et celles ou ceux qui déjà ne se faisaient plus guère d’illusions sur la nature humaine sortiront de la salle K.O. S’ils veulent s’épargner cette épreuve, car c’en est une, et savoir ce qu’il est advenu du capitaine Willi Herold, nous ne serons pas assez sadiques pour ne pas le leur révéler : condamné à mort par les Anglais en 1946, il sera guillotiné avec cinq autres soldats. Il avait vingt et ans.
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En quelques mois, il a vécu plus de vies que beaucoup d’entre nous. Effroyables certes, mais ne le sont-elles pas toutes à un degré ou à un autre ? Son histoire avait déjà fait l’objet de documentaires et d’un roman de T.X.H. Pantcheff : Le Pendu de l’Emsland Willi Herold, 19 ans. On n’est pas prêt de l’oublier, ni de retenir la leçon que, bien malgré lui, il livre dans ce film : ne jamais se soumettre à quelque forme d’autorité que ce soit. Même si comme il le répète : « si tu ne baises pas la vie, c’est elle qui te baisera. »
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