Que les choses soient claires, l’avortement, je suis pour. Sans cette invention géniale, j’aurais sans doute été contraint de fuir mes responsabilités paternelles sous une autre identité dans un de ces pays où, quand on a trop de gosses, on peut toujours en offrir quelque-uns en martyrs à la cause. Du temps de mon grand-père, quand on était un peu trop distrait, on était bon pour envisager la layette. Pour celles et ceux qui ne savaient pas manier l’aiguille à tricoter, c’étaient bien des dépenses en perspective. Alors, quand j’ai entendu à la télévision que dans la région espagnole de Navarre, sous la pression des catholiques, la pratique de l’IVG avait été bannie, j’ai tendu l’oreille. Juste à temps pour recueillir ce commentaire indigné : « À l’avenir pour se faire avorter, les femmes devront quitter la région et faire deux heures de route. » Je me suis d’abord demandé si le journaliste n’avait pas dit « avorter » pour « accoucher ». Mais même pour celles qui doivent faire ça toutes les semaines, j’ai du mal à penser qu’il s’agit là d’une atteinte intolérable à leurs libertés. Les droits des femmes ont fait de sacrés progrès pour qu’on en soit aujourd’hui à lutter pour un avortement de proximité.
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