Reclus dans sa région natale lors du confinement, l’écrivain Philippe Le Guillou couche sur le papier quelques souvenirs, et raconte le rapport si particulier des Bretons à la mort.
Coincé seul au printemps 2020 au Faou, au beau milieu du Finistère, Philippe Le Guillou a écrit un Testament breton, récit publié en mars chez Gallimard qui mêle considérations autobiographiques et réflexions sur la Bretagne, dans un texte parfois un peu décousu, mais avec de jolies digressions sur la littérature (1).
Petites blessures narcissiques
Le Haut-Breton que je suis ne prendra pas trop ombrage des piques adressées à la ville de Rennes, « si peu bretonne », « un peu prétentieuse et sans charme », ni à la Bretagne orientale dans son ensemble, celle qui ne parle plus breton depuis le XIIIème siècle (Jules Ferry n’y fut pour rien !), ces « marches qui dégagent un charme moins grand » que « les franges ultimes de la péninsule, ces pointes majestueuses qui regardent l’océan ». Après tout, si la Bretagne gallèse n’avait pas existé, si elle avait été engloutie par les eaux comme la cité d’Ys, cela aurait offert à la Bretagne bretonnante un destin insulaire, et en aurait fait une troisième île britannique, peut-être
