Terrorisme: la question qui fâche


Terrorisme: la question qui fâche
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Place de la République, janvier 2016, Sipa. Numéro de reportage: REX40412216_000017.

Il est une question certes très provocatrice qui n’est jamais posée depuis les attentats du 13 novembre : notre société telle qu’elle est mérite-t-elle réellement de survivre ?

Ce qui nous reste d’énergie nationale

Il n’est pas du tout certain que face à l’Etat soi-disant islamique, face à la terreur, à l’abomination de crimes commis par des dégénérés fanatisés, elle y arrive. Elle n’en a pas la force morale. Quel vilain mot j’emploie là ! Dans notre société, ce mot est synonyme de graves contraintes insupportables. Il implique en premier lieu d’avoir conscience que nos actions ont des répercussions sur le bien-être des autres êtres humains peuplant cette planète…

Gravement, pensent-ils, des dizaines de spécialistes de l’islam, de la politique moyen et proche-orientale, des « spécialistes en tout » ayant leur rond de serviette à la télévision chacun dans son « emploi » de comédie dissertent sur les causes de la situation à laquelle nous sommes confrontés actuellement. Mais jamais ils ne se risqueront à évoquer cette question pourtant fondamentale.

Choc des civilisations contre judéophobie

Il y a ceux qui rejettent tout sur l’Occident, c’est le sanglot long de l’homme occidental bien nourri continuant sa lamentation engendrée par une culpabilité, se vautrant avec un plaisir non dissimulé dans un masochisme mémoriel lui donnant bonne conscience et le flattant dans l’image qu’il se fait de lui-même.

Il y a ceux qui s’en réjouissent plus ou moins ouvertement, ils ont enfin leur « choc des civilisations », leur alibi pour laisser libre cours à leur haine de l’islam et, dans le camp d’en face, à leur judéophobie. Ils se voient en représentants de l’Occident judéo-chrétien face à la barbarie musulmane, en défenseurs des opprimés à commencer par le peuple palestinien qui n’en demande pas tant.

65 millions d’attentistes?

Et il y a aussi, comme d’habitude en France, la grande majorité attentiste apprenant « à vivre » avec l’invivable tant que son « confort intellectuel » n’est pas trop secoué. Tout ce qu’ils veulent c’est continuer à boire, baiser, bouffer même au bord des abysses. Tous s’accordent malgré tout sur un point : ce serait notre mode de vie et nos valeurs qui seraient remises en cause et qu’il faudrait continuer à défendre. Mais quelles valeurs ? Car excepté l’argent tout puissant, il ne reste pas grand chose à se mettre sous la dent. Et quel mode de vie ? Puisque tout ce qui permettait de conserver une certaine « décence commune » avec l’aide de légers compromis sur leurs particularismes des uns et des autres est depuis longtemps en état de putréfaction avancée. On ne peut plus vraiment parler de civilisation puisque la nôtre est bien moribonde depuis longtemps. Nous avons dorénavant besoin de babioles électroniques toutes plus inutiles les unes que les autres pour parler au voisin, à ses proches, à son chien, pour manger, pour voyager, pour lire, etc.

Tous victimes

Chacun réclame réparation pour « son » génocide, de « sa » communauté, exige de pouvoir vivre non selon des règles communes mais selon les siennes propres en se basant sur une identité (régionale, religieuse, ethnique) souvent fantasmée et idéalisée. Ils y sont encouragés par les tenants de la mondialisation réputée heureuse car cette dilution des identités dans un « grand tout » bien flou sert les intérêts du « tout économique ».

Tous les spécialistes évoqués plus haut ainsi que la majorité des citoyens consommateurs en sont conscients au fond, mais il ne faut surtout pas le dire, il ne faut surtout pas se confronter aux faits, à la déliquescence des liens traditionnels au sein de notre société, à commencer par les liens familiaux, de solidarité, de souci des plus pauvres, des plus démunis. C’est pas de chance pour eux si la mondialisation réputée heureuse ne leur apporte que des désagréments. Il est donc dans l’ordre des choses de se leurrer encore et encore.

Continuons donc à discuter du sexe des anges, à débattre avec acharnement de questions picrocholines, de nos soucis de privilégiés, cela portera peut-être ses fruits, nul ne sait.



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