Face à une menace djihadiste croissante, la justice française peine à s’adapter. Entre psychiatrisation des auteurs et analyse individuelle des actes, notre système pénal hésite.
Béatrice Brugère est secrétaire générale du syndicat Unité Magistrats et ancienne juge antiterroriste.
Une semaine après les attentats terroristes de Charlie Hebdo et quarante-huit heures après la mobilisation sans précédent du 11 janvier 2015, Manuel Valls, alors Premier ministre, déclare devant le Parlement : « Oui, la France est en guerre contre le terrorisme, le djihadisme et l’islamisme radical. » La sémantique est guerrière et l’ennemi clairement désigné. Cinq ans plus tard, quel est le bilan de cette guerre au terrorisme ?
Nous sommes en guerre
Difficile de répondre à cette question tant la confusion s’est installée dans le débat, sur le diagnostic et sur les moyens à mobiliser. Les autorités rappellent régulièrement que la menace reste très élevée et installée. Les chiffres en constante progression sont d’ailleurs là pour le corroborer et les attaques régulières pour l’illustrer : un nombre record de détenus pour terrorisme (500) et plus de 1 000 détenus radicalisés auxquels il faudra rajouter les revenants de zones de combat, plusieurs dizaines voire quelques centaines.
En parlant d’une « violence aveugle » à propos de l’attaque de Villejuif, le président de la République semble faire un contresens dangereux
Constatons-le d’emblée, face à cette menace, l’État
