Plus de deux ans après la prise d’otages sur le site d’exploitation gazière de Tiguentourine (appelé aussi In Amenas) en janvier 2013, le groupe terroriste « Les signataires du sang » a livré cette semaine sa version des faits sur son compte Twitter.
Selon le document signé Kahled Abou Al-Abbas – le nom de guerre de Mokhtar Belmokhtar – l’objectif de l’opération était de combattre à la fois « le nouveau colonialisme qui veut s’installer dans nos pays », et « les traîtres qui ont vendu nos terres, pour que des entreprises pétrolières américaines et européennes viennent exploiter nos richesses ». Qui plus est, les planificateurs se sont donné comme mot d’ordre le principe de ne pas attenter à la vie de musulmans. C’est pourquoi que le groupe a choisi un site éloigné des zones de peuplement musulmanes. En plus, selon les auteurs dudit document, les membres du commando qui est passé à l’acte le 16 janvier 2013 à l’aube, ont essayé, pendant les premières heures de l’opération, de faire évacuer les travailleurs algériens. En fait, sur les quelque 700 algériens qui se trouvaient sur place le 16 janvier, un seul a perdu la vie. En revanche, 37 des 137 employés étrangers y ont trouvé la mort.
Le groupe de 32 assaillants répartis en huit nationalités (algérienne, tunisienne, égyptienne, malienne, nigérienne, canadienne et mauritanienne) a préparé l’opération pendant des mois au fin fond du Sahara. Muni d’outils simples comme Google Earth, le groupe dit avoir étudié le terrain, la météo, et les routes, mais aussi s’être renseigné sur les différentes nationalités présentes sur les lieux. Leur point de départ se trouvait à 400 kilomètres de leur cible et les membres du commando se sont répartis dans quatre voitures grimées en voitures de l’armée pour s’y rendre.
Aux yeux de l’escouade terroriste, l’opération a été un succès en ce qu’elle a atteint ses objectifs : mettre en échec le système militaire et le renseignement algériens, montrer la voie à suivre aux autres djihadistes, donner une leçon aux mécréants et terroriser la France.
Le texte adresse aussi un message à l’armée algérienne, appelée à renouer avec son caractère révolutionnaire originel. Au lieu de « vendre l’Algérie aux Français » l’ALN devrait « combattre la France », qui est demeuré un pays « colonisateur » car Paris « ne s’est jamais excusé de ses crimes ». Un discours qui ressemble à s’y méprendre aux propos – sur le « génocide » des Algériens musulmans par la France coloniale – qu’a récemment tenus une jeune fan de Dieudonné face à François Hollande…
*Photo : NEW PRESS/SIPA. 00651258_000001.
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