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C’est décidé, je confine ma télé!

Sachants et télémédecins envahissent la petite lucarne


C’est décidé, je confine ma télé!
Elise Lucet (ici accompagnée de trois volatiles), n'entend pas laisser les Français se faire pigeonner par Roselyne Bachelot et le lobby pharmaceutique © SIMON ISABELLE/SIPA Numéro de reportage: 00384526_000001

François Tauriac en a soupé des redresseurs de torts cathodiques comme Élise Lucet ou des consultants médicaux à la Alain Ducardonnet. Il prend ce matin une terrible décision.


Je n’ai plus envie de regarder la télévision. Plus envie de mater les cartes de France qui rougissent de honte face à l’épidémie galopante. Celles du monde qui se noircissent comme une avancée de Panzers face à la cavalerie polonaise voulant défendre  3,9 milliards de pauvres humains confinés. Plus besoin de regarder ces commentateurs, ces supposés sachants qui tournent en rond à répéter éternellement d’un ton docte les mêmes fadaises. Des perroquets bégayeurs, clabaudeurs, pérorants qui picorent en rond la moindre rumeur, comme des poulets caquetants. Confondant information et commentaire. Peur et danger. Épidémie et diablerie. 

Ras-le-bol de Cymes et de Ducardonnet!

Je ne supporte plus ces «médecins de plateaux » qui ont troqué leurs stéthoscopes contre le fond de teint que leur apposent les maquilleuses avant chaque passage télé. Abonnés gratuits au décryptage. Décodeurs de pacotille. 

Ras-le-bol des Cymes et des Ducardonnet, tous ces docteurs « ès » info et leur clique donneuse de leçons. De leur « devoir d’informer » qui leur font préférer les unes de Paris Match à la file des brancards qui s’accumulent aux urgences, comme en gare de triage un jour de grève sans préavis. Je ne supporte plus ces politiques qui racontent  à l’envi que « personne ne savait ». Qui refusent d’être jugés. Et qui font «tout leur possible pour juguler la crise ». Redoutant les lendemains de jugement dernier, les révoltes des jours d’après, l’odeur de fusible cramé et la graisse des guillotines. 

Soupé des crises intestines entre carabins. Des  querelles de chapelles grotesques. Levy versus Raoult. INSERM versus IHU. Savant de Marseille contre ignorants de Paris. OM contre PSG, « ici c’est ? Pariiiiis »! La Chloro-machine, ça fait 30 ans qu’il la prescrit, un mois qu’elle  sauverait ses patients, alors pourquoi diable on le retient ? Ridicule.  

Décision irrévocable

Usé par les émissions « at home » de la cuisine confinée, au Hanouna de son canapé en triplex, comme des Intervilles de contrebande. 

A lire aussi, du même auteur: Première sortie de crise

Je suis peut-être atteint par le confinement finalement. C’est même certain. En tout cas pour moi c’est terminé. Aujourd’hui j’ai pris ma décision. Elle est irrévocable. J’ai décidé de confiner ma télé. De l’enfermer dans un placard avec ma réserve de PQ, avant de passer mes courses au lave-vaisselle. De lui fermer sa gueule à cet écran à la con. Et de bander les yeux à tous ses leds et ses plasmas. Histoire que leur lueur inquiétante n’aille pas corrompre aussi la douceur de mon Moltonel épaisseur triple. Elle a trop déblatéré la télé. Trop rabâché. Trop claironné. S’est trop gourée l’étrange lucarne. Avec ses éditions spéciales et son sensationnalisme à deux balles. C’est tout ce qu’elle mérite. Finir ses jours face à des rouleaux de papier hygiénique. Bien calée dans la cellulose. Je vais me contenter des journaux. Mais pas pour la grosse commission. La presse ça se respecte. Ça analyse un peu plus. Et puis je vais recroqueviller mes oreilles aussi, comme un bulot repu qu’on aurait bourré de pâtes alimentaires sans œufs frais au kilo. Des fadaises et des news qui s’avèrent fausses deux jours plus tard. Je vais faire un autodafé avec ma redevance. Un Fahrenheit 451 d’impôts. Ça va renforcer les défenses immunitaires de mon cerveau, l’odeur de ma liberté retrouvée. Je veux pratiquer la distanciation avec l’audiovisuel. Appliquer les gestes barrières avec le petit écran. À grands coups d’huiles essentielles pour les méninges. Un shampoing de l’encéphale au gel hydro-alcoolique. Je vais essayer de prendre l’air à la fenêtre aussi, avec un bon bouquin. C’est de la vitamine D et de la culture. Il fait beau presque sur toute la France. Faut profiter. Comme si le ciel se vengeait des hommes en inondant la terre de ses rayons. Comme pour punir les locataires d’en dessous qui ne peuvent plus désormais sortir. « Bien fait, j’envoie le soleil » doit se dire l’azur. Fallait pas jouer avec les pangolins et les barbecues de chauves-souris. Quelle idée ! Il y a suffisamment de bouffe sur terre pour ne pas avoir besoin de manger des rats volants en brochette, non?

Je propose une émission d’un nouveau genre

Il faut lutter contre les mauvaises habitudes. Profiter de cette crise pour faire descendre les icônes médiatiques de leur piédestal en carton. Définitivement. Ce sera peut-être une des rares vertus du Covid-19. Dans les entreprises, quand on est mauvais on dégage. On peut vraiment se poser la question de savoir pourquoi c’est rarement le cas en politique et dans les médias. Pourquoi les idoles du fact checking comme Élise Lucet –  ces procureurs médiatiques habitués à instruire uniquement à charge –  ne prennent pas la peine de mettre bout-à-bout toutes leurs fausses affirmations et celles de leurs confrères ? Toutes les accusations sans fondement. Ça lui ferait peut-être du bien à « juge Elise » de faire amende honorable sur Bachelot ? 

Ça serait une idée ça, de faire un zapping avec toutes leurs conneries. Un acte de contrition à l’antenne avec frappe de poing sur la poitrine. C’est ma faute, c’est ma très grande faute. Sur les réseaux sociaux il y a des petits malins qui en font des mini-vidéos de leurs bêtises. À la télé je crois qu’on pourrait tenir le temps d’une soirée spéciale, non?



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Francois Tauriac est journaliste et éditeur

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