Il y a quatre ans, Marco Koskas défrayait la chronique littéraire parisienne avec Bande de Français, un roman dont aucun éditeur n’avait voulu, pas même ceux qui l’avaient publié auparavant.
Cette histoire d’une bande de potes qui quittent la France pour reconstruire leur vie à Tel-Aviv détonnait. À l’heure de Mohammed Merah et Dieudonné, se dévoiler sioniste tenait, et tient toujours, du délit de pensée.
À rebours, pour Patrick Besson, ce livre c’était « l’alya sur un dance-floor ». C’est ainsi qu’il le résuma alors dans sa chronique du Point, avant de glisser Koskas dans la première sélection du Prix Renaudot.
Les syndicats de libraires stupéfaits crièrent à la trahison, car Koskas s’étant autoédité sur la plateforme d’Amazon, son livre était introuvable en librairie. Il n’en fallait pas plus pour que le buzz soit lancé. Des tribunes hostiles à l’auteur fleurirent dans les gazettes, dont un portrait très limite dans Libé, bref, le livre fut éjecté manu militari de la liste du Renaudot. Mais il avait fait assez de bruit pour que son écho traverse l’Atlantique et s’américanise sous le titre Goodbye Paris, Shalom Tel-Aviv. Le cinéaste Alexandre Arcady essaya de le porter à l’écran, en vain, faute de budget.
Et revoilà Koskas, toujours aussi amoureux de Tel-Aviv, qui raconte sa ville en 64 chroniques vagabondes, pleines de fêtes sur les toits et de shabbat, toujours en bande. Il raconte son quartier, Florentine, la piscine Gordon, nous rencontrons un imprimeur-radiologue, une femme en pleurs dans un bar, les flamboyants du boulevard Rothschild, la gay pride, etc. Ces chroniques, il les a d’abord publiées sur Facebook au jour le jour, au gré de l’inspiration, pendant dix ans. Patiemment. En attendant des jours meilleurs quand ça va mal, en tissant sa joie de vivre quand ça va bien. Dans cette ville qu’on appelle « La Bulle » parce qu’elle aussi fait bande à part.
En ce moment où le nouveau gouvernement d’Israël tout en kippa et tsitsit inquiète, les chroniques de Marco Koskas nous redonnent l’enchantement de Tel-Aviv comme on l’aime.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !