La mairie de Paris-centre creuse la dette de la ville pour sauver une boîte de nuit gay. Mais elle a un alibi : les logements sociaux…
Ouf ! La ville de Paris est passée à deux doigts de perdre l’une des merveilles de son patrimoine. Le Tango, boîte de nuit gay mythique du quartier du Marais, a été sauvé in extremis par la municipalité. Pour la modique somme de 6,7 millions d’euros, l’immeuble sis 13, rue au Maire, dans le 3e arrondissement, pourra être acheté et rénové. Le rachat a été validé par la mairie de Paris Centre en novembre.
A lire aussi : Les réflexions de Claude Habib sur la question trans
Avec les locaux de la boîte de nuit, huit appartements ont également été acquis au sein de l’immeuble, dans le but d’en faire des logements sociaux. Ian Brossat (PCF), adjoint au logement d’Anne Hidalgo, est très fier de ce grand projet : « La spéculation immobilière, c’est le logement hors de prix et l’âme de nos quartiers qui disparaît. Pour faire face, nous avons fait usage de notre droit de préemption : à la clé, du logement social dans le Marais et le Tango préservé. » Les bénéficiaires du logement seront heureux de pouvoir vivre en plein cœur de la capitale et, surtout, de cohabiter avec les clients du Tango. L’organisateur historique des soirées du club gay, Hervé Latapie, a des doutes à ce sujet : « Un dancing en bas est-il compatible avec des logements sociaux juste au-dessus ? » Pourtant le but du collectif « Tango 3.0 » est de créer un lieu de vivre-ensemble apaisé. Le premier édile du Marais garantit que l’association entreprend de « prolonger l’histoire de cette salle historique » en proposant « des activités culturelles et festives dans un modèle social, solidaire et inclusif ».
A lire aussi : Que sont nos banlieues rouges devenues?
Nous voilà rassurés, les 6,7 millions d’euros déversés pour sauver le Tango ne seront pas jetés par la fenêtre, ils permettront de faire avancer la cause. Que la dette de la ville de Paris ait atteint cette année un niveau historique de 7,7 milliards d’euros, dont une augmentation de 867 millions par rapport à l’année dernière, ce n’est pas une raison pour se priver de certains investissements primordiaux. L’inclusivité n’a pas de prix.