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Taisez ce nom que je ne saurais entendre!

Comment expliquer cette inégalité de traitement?


Taisez ce nom que je ne saurais entendre!
La police nationale procèdant à des contrôles dans le métro de Toulouse, dans le cadre de la lutte contre les trafics de stupéfiants, 10 septembre 2020 © FRED SCHEIBER/SIPA Numéro de reportage : 00980834_000001.

Dans la presse française, si vous vous rendez coupable d’un crime retentissant, votre nom apparaitra ou non dans les gros titres des journaux, selon qu’il sonne local ou exotique. Les dernières semaines en ont fait la démonstration systématiquement.


Ce week-end, en dehors des chiffres quotidiens du nombre de Français vaccinés contre le Covid et du maintien de la manifestation pro-palestinienne – passant outre l’interdit gouvernemental, lire notre analyse à 11 heures – deux nouvelles ont fait les gros titres : la reddition du tueur des Cévennes après quatre jours de traque intensive menée par le GIGN et l’interpellation du meurtrier présumé de la jeune fille de 17 ans tuée à coup de couteau à Ivry-Sur-Seine. 

Un “sentiment” d’insécurité très présent

Dans une France devenue un coupe gorge, n’en déplaise au Garde des Sceaux, les meurtres s’enchainent et ne se ressemblent pas. L’attaque terroriste commise dans le sas de sécurité à l’entrée du commissariat de Rambouillet, qui a couté la vie à la fonctionnaire de police Stéphanie Monfermé, n’a rien avoir avec le meurtre du policier Eric Masson, mort sous les balles tirées par un jeune dealer dans le centre d’Avignon, encore moins avec le “féminicide” de Mérignac survenu quelques jours après. Ces crimes ne sont pas à ranger dans la même catégorie, et on ne saurait confondre l’attentat terroriste d’un islamiste radicalisé avec les tirs d’un dealer armé ni avec ceux commis par un homme qui achève son ex-femme en l’immolant par le feu. 

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Pourtant,  tous ces meurtres ont un point commun. L’identité de leurs auteurs n’a été révélée au grand public dans la presse que tardivement après les faits. Et souvent de manière incomplète, les suspects étant désignés uniquement par leurs prénoms suivis de la première lettre de leurs patronymes. Jamel G, l’assassin terroriste de Stéphanie Monfermé, Mounir.B, le meurtrier de Chahinez Daoud et IIyes. A, le tueur présumé d’Eric Masson. 

L’exception des Cévennes

En revanche, Valentin Marcone, l’auteur présumé du double homicide dans les Cévennes n’a pas eu le même traitement de faveur. Son identité n’a pas été préservée, mais bien au contraire étalée dans la presse et sur toutes les ondes. 

Une petite recherche sur Google est riche d’enseignements. Il suffit de taper dans la barre de recherche la région Cévennes pour que le nom de Valentin Marcone s’affiche immédiatement alors que l’identité de ses victimes, son patron et un collègue, est dissimulée sous leur fonction sociale. A contrario, lorsqu’on tape le nom des villes où se sont déroulées les tueries que j’évoquais plus haut (Mérignac, Rambouillet, Avignon et enfin Ivry-Sur-Seine), ce sont le nom des victimes, les circonstances des meurtres et les détails des enquêtes en cours qui remontent dans les premiers résultats de recherche. Le profil des assassins présumés, lui, reste noyé dans les abimes du web. Mais peut-être que je ne sais pas chercher …

Je veux comprendre

Le prénom et le nom de Valentin Marcone ont été dévoilé le jour même de la tuerie, martelés jusqu’à plus soif sur les chaines info en continu, sans parler de son profil psychologique qui a été soigneusement étudié par les journalistes. Etait-ce pour rendre la chasse à l’homme plus efficace ? Mais alors, si c’était le cas, pourquoi ne pas avoir rendu également public immédiatement le prénom et le nom du tueur présumé d’Eric Masson, lui aussi en fuite et activement recherché le jour du meurtre ?  

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Pourquoi Valentin Marcone n’a pas eu aussi le droit à l’anonymat dont ont bénéficié Mounir.B, Llyes.A et Jamel.G  et leurs familles ? 

Comment expliquer cette différence de traitement, si ce n’est parce que Valentin Marcone est ce qu’on appelle un  « Français de souche », et que son profil n’engendre pas cette sorte d’auto-censure des médias mainstream devant la crainte d’être accusé d’islamophobie ?




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