Empêtrées dans leurs querelles internes, fragilisées par la fonte de leurs effectifs, les confédérations sont mal armées pour résister à la présence de plus en plus palpable de l’islam sur les lieux de travail. Mais veulent-elles seulement lutter ? Enquête.
Si toute la France connaît aujourd’hui le nom et le visage de Maryam Pougetoux, ce n’est pas parce que cette jeune femme est présidente de l’Union nationale des étudiants de France (UNEF) à Paris-IV, mais parce qu’elle porte le voile islamique. C’est certes son droit, comme l’ont répété ses nombreux avocats, mais ce signe religieux ostentatoire n’en a pas moins suscité, en plus d’une âpre polémique, quelque désarroi à gauche : « Bigoterie patriarcale et sexiste en contradiction avec les combats féministes que l’UNEF a toujours portés », a lancé Bruno Julliard, adjoint à la mairie de Paris et patron de l’UNEF de 2005 à 2007. Même colère de Julien Dray, ancien pilier de l’organisation : « La direction du syndicat qui accepte cette jeune dame comme dirigeante souille tout notre combat. » Maryam Pougetoux a été défendue par la direction nationale de l’UNEF, ainsi que par des personnalités politiques comme Olivier Besancenot (NPA) et Alexis Corbière (LFI).
« Un apartheid ethnique et religieux »
« Mon voile n’a aucune fonction politique », a clamé la jeune fille dans Le Monde du 20 mai. On a du mal à la croire. À sa décharge, elle n’a que 19 ans. Elle sortait à peine de maternelle quand la question de l’influence islamique dans le monde syndical est devenue un vrai sujet, au tournant de la décennie 2000. C’est à cette époque que les services de renseignement ont commencé à s’inquiéter de la création de réseaux salafistes structurés dans certaines entreprises.
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La présence de musulmans dans les syndicats n’est évidemment pas une surprise. Ils étaient déjà majoritaires au sein des usines automobiles d’Île-de-France dans les années 1980. Le calendrier de l’hégire siglé Force ouvrière, qui a suscité la polémique, est d’ailleurs à replacer dans ce contexte (voir entretien avec Denis Maillard).
Beaucoup plus inquiétants sont en revanche les réseaux salafistes, avec lesquels des syndicats composent et temporisent. Ils ont été décrits dès septembre 2005 par un rapport du Centre français de
