Suzy Solidor est bien plus qu’une chanteuse aujourd’hui méconnue. C’est un mythe, un vrai. Celui des femmes émancipées des Années folles et de son Tout-Paris bouillonnant, des salons luxueux et ds boîtes interlopes. Ce n’est pas son passage par la case collaboration qui entraîne la fin de sa carrière mais un changement de mode. Qu’il est difficile de survivre à son époque !
Plus qu’une chanteuse, un mythe
Dans le meilleur des cas, aujourd’hui, Suzy Solidor dit quelque chose aux amateurs de chanson française, à ceux qui aiment le grésillement des 78 tours et le grain si particulier des voix d’autrefois. Avec Escale, par exemple, son plus grand succès, chef-d’œuvre de la chanson réaliste : « Le flot qui roule à l’horizon / Me fait penser à un garçon / Qui ne croyait ni Dieu ni diable. / Je l’ai rencontré vers le nord / Un soir d’escale sur un port / Dans un bastringue abominable. » Le problème, c’est que quatre ans après celle-ci, en 1942, elle reprend la chanson préférée des soldats allemands, Lily Marlène. Elle le paiera à la Libération.
Pourtant, Suzy Solidor est beaucoup plus qu’une chanteuse oubliée : c’est un mythe. Sa carrière sur scène ne raconte qu’un pan de sa vie qui commence avec le xxe siècle à Saint-Malo et se termine en 1983, à Cagnes-sur-Mer. Le mythe Solidor débute en 1930, quand la belle Suzy occupe une place centrale de cet âge d’or français des Années folles.
Avec Les Nuits Solidor, Charlotte Duthoo offre mieux qu’une biographie. Ce sont des mémoires imaginaires. Tout ou presque est vrai, mais tout est raconté comme dans un roman où l’auteure prête sa plume à son héroïne. Charlotte Duthoo a eu de la chance. Suzy n’a jamais été avare de sa parole ni de son image. Elle a accordé de nombreux entretiens à la presse, à la radio et à la télévision, sans compter les témoignages de ses contemporains.
Tout commence par un nom. En 1925, Suzanne Marion devient Suzy Solidor, en référence à une tour médiévale plantée sur la plage de Saint-Servan. L’emprunt lui donne des
