Quand il s’agit de chercher les responsables de la prolongation de la crise sanitaire, on désigne à la vindicte générale les citoyens qui refusent de se faire vacciner ou hésitent. Et quand on dresse le portrait-robot de ces individus, on imagine quelqu’un d’ignorant, d’inculte, de moins diplômé, supporteur de quelque mouvement ou leader populiste. Aux États-Unis, ce serait un électeur typique de Donald Trump, un de ces « déplorables », selon le mot de la malheureuse candidate à la présidence, Hilary Clinton.
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La réalité est plus contrastée. Une étude menée par des chercheurs des universités de Pittsburgh et Carnegie Mellon a mesuré l’hésitation vaccinale à partir d’un échantillon de 5 millions de personnes classées selon plusieurs données démographiques. Certes, la corrélation entre l’hésitation à se faire vacciner et le vote Trump se confirme. Cependant, quand on s’intéresse au niveau d’étude des hésitants, les réponses forment une courbe de Gauss (en U inversé), ces derniers se recrutant autant parmi les moins diplômés (diplôme secondaire ou moins) que parmi les plus diplômés (titulaires d’un doctorat). C’est même ce dernier groupe qui apparaît comme le plus hésitant et le moins susceptible de se laisser convaincre. En effet, au cours des premiers mois de 2021, le groupe des moins diplômés s’est révélé le plus perméable à l’intense campagne vaccinale, et celui qui a le plus changé d’avis, tandis que les titulaires d’un doctorat forment celui qui a le moins varié. Au centre de la courbe, parmi les plus favorables à la vaccination, on trouve les titulaires d’un bac +5, soit cette population urbaine, instruite, progressiste, facilement donneuse de leçons et apparemment la plus domestiquée.
Quant à convaincre la frange récalcitrante des « PhD », bonne chance aux stratèges sanitaires. Allez donc faire changer d’avis des gens qui se sentent plus intelligents que le reste de l’univers…