La députée LFI Mathilde Panot et Marion Maréchal, tête de liste de « Reconquête » aux élections européennes, se sont affrontées hier soir sur le plateau de BFMTV. Dans ce duel très commenté, Mathilde Panot a tenu à expliquer que l’ensauvagement et le racisme anti-blanc n’étaient que des billevesées. Séance de rattrapage.
Au moment où la trêve des confiseurs s’annonce, où les téléfilms de Noël s’imposent sur les écrans, BFM TV proposait ce dimanche soir un dernier combat de boxe avant d’entrer dans la féérie un peu mièvre des fêtes. Mathilde Panot contre Marion Maréchal, c’était la promesse d’avoir du sang sur les murs. On n’a pas été déçus.
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Pas grand-chose ne rapproche les deux débatteuses du soir, toutes deux nées pourtant la même année, en 1989. Pendant le round d’observation proposé par l’arbitre Benjamin Duhamel, elles ont eu toutes les peines à reconnaître à l’autre la moindre qualité. Ah si ! elles ont quand même une victoire en commun dont elles se félicitent : l’échec à l’Assemblée nationale de la loi immigration défendue par Gérald Darmanin. Toutefois, elles y étaient opposées pour des raisons tout à fait différentes. Pour Marion Maréchal, « ce projet de loi ne répond pas au défi de la submersion migratoire que nous subissons (…). Il n’y a rien dans ce texte qui va limiter l’accès à la nationalité. Il n’y a pas de suppression du droit du sol (…). C’est un texte qui ne s’attaque pas à tout ce qui incite l’immigration légale et illégale dans notre pays ». Mathilde Panot, de son côté, se réjouit de la motion de rejet, qui va « épargn[er] les pires paroles racistes et xénophobes au pays pendant quinze jours ».
Des chiffres et des êtres
S’ensuit une bataille de chiffres et de faits divers. Marion Maréchal revient alors sur les derniers « phénomènes de société » recensés ces quinze derniers jours. Dans les Yvelines, où une dame de 65 ans, tout juste remise d’un cancer du poumon, a été séquestrée et violée par un Ivoirien, sous OQTF. À Avignon, où une jeune fille de 14 ans a été violée par un clandestin. En face, Mathilde Panot refuse de commenter ces faits divers et de faire tout lien entre immigration et insécurité. Selon les données de la France insoumise, les homicides ont été divisés par deux par rapport au début des années 90, signe que le pays n’est guère en voie d’ensauvagement, et que tous ces faits rapportés ne sont que des trompe-l’œil agités par la droite nationale. Pour Mathilde Panot, Marion Maréchal est « l’image de la France rabougrie, qui ne veut plus accueillir personne ». Pour Marion Maréchal, Mathilde Panot débarque tout simplement d’une autre planète pour être aussi peu en phase avec les inquiétudes de ses compatriotes.
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Mathilde Panot reproche à Marion Maréchal de défendre une conception ethnique de la France et de distinguer dans la population des « Français de papier », expression héritée selon elle « de Maurras, de Pétain et de Drumont ». Expression qu’utilisait également Jean-Pierre Chevènement en 2016 sur RTL… Marion Maréchal a alors brillé en rappelant quelques noms de sinistre mémoire : Mohammed Merah, Youssouf Fofana, Redouane Lakdim, l’assassin d’Arnaud Beltrame, comme possibles exemples de Français de papier. Pour mettre à égalité menace islamiste et menace d’ultra-droite, Mathilde Panot cite de son côté Oleg Sokolov, ancien professeur de l’Institut des sciences sociales, économiques et politiques (Issep) condamné en Russie pour avoir découpé sa compagne. Et puis le meurtre de Federico Martín Aramburú, en 2022, par un nervi du GUD. Et puis l’attentat du Petit-Clamart. Deux minutes de plus, et la députée LFI comptabilisait l’assassinat d’Henri IV dans le palmarès macabre de l’utra-droite…
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Le racisme anti-blanc n’existe pas
Enfin, la meilleure cascade de la soirée est à mettre sur le compte Mathilde Panot. Revenant sur le sordide crime de Crépol, elle a été amenée à parler de racisme anti-blanc : « Oui, il peut y avoir des actes xénophobes envers des personnes blanches, tout à fait condamnables. Le racisme, lui, est structurel (on dit systémique), avec un ensemble de discriminations qui s’applique à des personnes soit selon leur couleur de peau, soit selon leur religion. Il y a des discriminations, des appels à la haine qui sont tout à fait condamnables mais ça ne s’appelle pas du racisme anti-blanc qui je le rappelle est une invention de l’extrême droite ». Pas mal, alors que son adversaire du jour rappelait que neuf témoins du drame de Crépol ont entendu : « On est là pour planter du Blanc, on est là pour tuer du Blanc ». Quant à l’homme poignardé en Moselle, dans la nuit du 8 au 9 décembre, au cri de « sale blanc, sale gwer », là non plus, « ça ne s’appelle pas du racisme anti-blanc, ça s’appelle de l’appel à la haine, ça s’appelle des actes de haine, ça s’appelle de la xénophobie », selon Mathilde Panot.
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