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Submersion migratoire: quand Bayrou découvre le réel

Le billet politique d’Ivan Rioufol


Submersion migratoire: quand Bayrou découvre le réel
Le journaliste Ivan Rioufol © Hannah Assouline

La gauche accuse le Premier ministre d’avoir offert une victoire sémantique au Rassemblement national. L’idée reçue qui voudrait que seule une toute petite minorité des immigrés s’assimile mal dans la société française est balayée par le réel


François Bayrou mérite son ticket d’entrée dans la fachosphère. Pour avoir parlé, lundi soir sur LCI, d’un « sentiment de submersion » à propos de l’immigration en France, le premier ministre peut postuler à l’enclos des pestiférés : s’y trouvent parqués tous les bannis du politiquement correct.

Yeux grand ouverts

De fait, les gardiens des opinions ne tolèrent aucune critique de la société diversitaire. La fachosphère est donc le nom répulsif donné aux réseaux sociaux par les épurateurs éthiques, quand les idées qui s’y expriment n’obtempèrent pas aux interdits progressistes.

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Votre serviteur fait ainsi partie, parmi beaucoup d’autres, de ce club de proscrits aux yeux des professionnels de l’antifascisme. Eux ne tolèrent que leurs propres affirmations. Abordant le meurtre d’Elias, 14 ans, poignardé mortellement, vendredi à Paris, par deux mineurs qui voulaient lui voler son portable, le préfet Laurent Nuñez a mis en garde contre les dires de ce club d’infréquentables : une façon d’indiquer, par déduction, l’origine des deux assassins (rebaptisées aimablement Léo et John dans un article du Figaro, lundi), connus de la police et de la justice pour leurs antécédents. Faut-il le préciser ? C’est dans cet espace de liberté, diabolisé par les pandores de la parole autorisée, que se disent les vérités interdites. Et la soudaine révélation de Bayrou sur la France submergée n’est qu’un des effets de l’effondrement de cet antifascisme d’opérette. Désormais, les intimidations morales n’impressionnent même plus le premier des centristes. C’est dire si le grand basculement des idéologies, qui empêchaient d’avoir les yeux grands ouverts, promet d’être révolutionnaire.

La guerre des mots

Les faits ne peuvent plus être niés. Quand le député PS, Boris Vallaud, explique hier à l’Assemblée, devant Bayrou qui confirme ses propos: « Submersion est le mot de l’extrême droite partout en Europe et dans le monde, mot qui blesse et qui ment », se dévoile la déconcertante déconnexion des « progressistes » de la vie des gens ordinaires.

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La submersion n’est d’ailleurs pas un sentiment, comme le croit le Premier ministre, qui avance prudemment dans le bain froid du réel. Le pays accueille chaque année 350 000 titres de séjour, 130 000 demandeurs d’asile et des milliers de clandestins. Et la gauche s’enfonce dans son dénégationnisme quand elle conteste l’ampleur du phénomène au prétexte que les étrangers ne représenteraient que 8% environ de la population vivant en France. Or, nombreux sont les immigrés francisés qui ne se reconnaissent pas dans leur pays d’accueil et qui, par la loi du nombre, perpétuent en France leurs modes de vie. Cet échec de l’intégration, aggravé par un islam conquérant, est au cœur du malaise existentiel des indigènes face à leurs contre-colonisateurs. Ce mercredi, sur Europe 1, Marie-Hélène Thoraval, maire de Romans-sur-Isère, a fait le lien entre les agressions au couteau (120 par jour) et la culture islamique. Reste que Bayrou n’a pas eu le courage d’aller au bout de son diagnostic radioactif, porté par d’autres depuis plus de trente ans. Face à cette submersion, ce raz de marée parfois, le Premier ministre ne prévoit pas de loi sur l’immigration, ni de référendum sur ce sujet, ni même, hormis pour Mayotte ou la Guyane, la suppression du droit du sol pour la métropole. Allez, encore un effort ! L’antifascisme est une imposture.

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Journaliste, éditorialiste, essayiste. (ex-Le Figaro, CNews, Causeur)

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