Plus stressées à la maison qu’au boulot?


Plus stressées à la maison qu’au boulot?

mere au foyer cuisine

Une étude publiée début mai dans Social Science & Medicine et menée par le Dr Sarah Damaske, sociologue à la Pennsylvania State University, aux États-Unis, vient remettre en cause une idée depuis longtemps admise, selon laquelle le stress est essentiellement lié au travail. Voici qu’après avoir testé, chez 122 personnes le taux de cortisol –hormone du stress- à différents moments de la journée, c’est à la maison que celui-ci est le plus élevé –soit lorsqu’il y a de multiples tâches à accomplir- Et comme on ne peut envisager d’étude sérieuse sans y comparer les sexes…
Si la moitié des hommes se perçoivent heureux à la maison, une grande majorité des femmes se sentent plus détendues au bureau… C’est Najat qui ne va pas être contente !
Egalité oblige, en tout cas, le burn-out n’est plus le privilège des salariés, puisqu’il touche désormais les mères de familles, que celles-ci travaillent -dans une entreprise- ou non.

Seuls ceux qui ne l’ont jamais pratiqué à plein-temps peuvent suspecter les mamans d’exercer le plus beau métier du monde… Avec une certaine condescendance il faut bien le reconnaître.
Philosophiquement, c’est en effet une bien jolie mission que d’élever au rang d’adultes responsables, des mouflets à qui l’on se frotte du matin au soir. Et comme il faut être parfaite ou ne pas être, le niveau d’exigence est souvent plus élevé que dans beaucoup de jobs. Pourtant la réalité est parfois bien loin de cette félicité fantasmée…
Dans un monde fait de droit à l’enfant et de préoccupations autocentrées, qui envie la réalité d’un quotidien fait de rangement, de linge, de vaisselle, de coups d’éponge, d’interminables heures dans la cuisine, de rangement, d’additions, de soustractions, de cours de préhistoire, de rangements et de poésies … De repassage, et d’accompagnements. De fêtes d’école et de sorties de classe. De marathon, derrière un caddie qu’on ne lâchera que quand il déborde !
Qui échangerait ces longues heures dans le vacarme et les disputes. Qui surtout, voudrait d’un métier dont les mérites ne sont nulle part vantés. Où les victoires sont si discrètes et les encensements si rares. Rappelons par quel terme valorisant étaient désignées jusque tout récemment les femmes qui restaient auprès de leurs rejetons. « La ménagère de moins de 50 ans » soit : une femme qui a soin du ménage et s’occupe de l’administration du foyer. Non mais trop glamour, quoi ! On l’imagine : dans une improbable blouse en acrylique, comme seule la vente par correspondance ose encore en produire, en train de rouler niaisement une pâte à tarte pour le retour des enfants.
Pourtant, il en faut des qualités pour une telle entreprise, surtout lors du cinq à sept quotidien –mais non, pas celui de l’hôtel ! – Le cinq à sept d’une mère de famille est beaucoup plus abrutissant. C’est le moment où se concentrent toutes les activités de la journée qui méritent le plus de « sainte patience, priez pour nous ! ».

Selon une étude menée récemment par le site américain Salary sur 6 000 familles américaines, la mère au foyer exerce un nombre impressionnant de métiers au cours de la semaine. Aide maternelle, assistante scolaire, chauffeur, cuisinière, femme de ménage, infirmière, couturière, conseillère d’orientation, auxiliaire psychologique… Et on en passe. Ce qui la conduit naturellement à effectuer 94 heures hebdomadaires -pas loin de 3 fois les heures préconisées par la tristement célèbre Martine- et la bagatelle de 57 heures supplémentaires. Une projection de ladite étude évalue alors un salaire d’environ 7 000 euros pour tous ces bons et loyaux services… La bonne blague !
« Travailler plus pour gagner plus qu’ils disaient ! ». Plus de paradis ?

Car c’est également le seul métier qui ne mérite aucune rémunération ! Certes, la récompense est ailleurs, les bons mots des enfants sont supposés réchauffer le cœur des mamans, leur progrès les émerveiller, leur questions les nourrir… Et c’est vrai qu’il existe de grandes satisfactions à prendre pleinement en charge cette mission d’éducation.

Mais l’exercice de cette fonction bénévole ne se fait pas sans stress. D’abord parce qu’elle induit une infinité de taches répétitives et parfois lassante. Ensuite parce que, à contrario de certaines activités professionnelles, il n’existe ni procédures, ni définition de poste précise. Enfin parce que la fonction requiert une grande capacité d’adaptation et d’inventivité… à multiplier par le nombre d’enfants à charge !

Comme le souligne les psychologues Maryse Vaillant ou Sylviane Giampino, la maitrise de l’arrivée d’un enfant induit une volonté de perfection dans son éducation. Or c’est cette distorsion entre la maternité rêvée et la réalité qui met en difficulté de nombreuses femmes, parfois jusqu’à l’épuisement. Ajoutez à cela que « la maternité est ce qu’il y a de plus merveilleux », la culpabilité et l’incompréhension de l’entourage viennent accentuer le stress quand la lassitude s’installe.

Alors, Mesdames qui « ne travaillez pas »… trouvez-vous vite un job… c’est plus reposant !

*Photo : MARY EVANS/SIPA/51078587_000001



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