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Stéphane Séjourné, rempart de la démocratie

L'édito politique de Jérôme Leroy


Stéphane Séjourné, rempart de la démocratie
Stéphane Séjourné, le chef du parti présidentiel "Renaissance", 9 janvier 2023 Image: capture d'écran Public Sénat.

Comparer LFI et les factieux bolsonaristes, ça, c’est fait…


Alors comme ça, Stéphane Séjourné, chef du parti présidentiel « Renaissance » vient d’exprimer sa plus grande crainte en ce début d’année 2023. La faillite programmée des boulangers ? Le manque criant de soignants et les urgences saturées malgré les vœux lunaires du Réélu aux professionnels de santé ? Les températures en France en 2022 qui ont été sur l’ensemble de l’année d’une moyenne de 14, 5° avec des glaciers qui se font la malle ?

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Prétérition fielleuse

Mais non, vous n’y êtes pas du tout. Enfin, réfléchissez un peu, s’il y a un danger en France, ce sont les hordes de LFI, prêtes à envahir les lieux de pouvoir parce qu’elles ne seraient pas d’accord avec le résultat des urnes de la dernière présidentielle. Bref que les militants de LFI, et pourquoi pas tous ceux de la Nupes, se comportent comme la fraction radicalisée des bolsonaristes du 8 janvier. Séjourné a été très précis, avec une jolie prétérition fielleuse sur Public Sénat : «  Les démocraties doivent se protéger de tout ça (…)La tentation de remettre en cause la légitimité politique. » Et de préciser : « On voit bien de la part de LFI, je ne veux pas les nommer, mais il y a eu une tentation d’expliquer que la légitimité des élus était remise en cause pour telle et telle raison et il faut faire attention ».

Rappelons tout de même les faits

Dimanche 8 janvier 2023, dans un mimétisme qui devrait leur valoir des demandes de royalties de la part des milices trumpistes du 6 janvier 2020 devant le Capitole, une fraction radicalisée de l’électorat bolsonariste (bref, des radicalisés au carré) s’en sont pris sur la place des Trois-Pouvoirs, à Brasilia, au Palais présidentiel, au Congrès, et à la Cour suprême. Etait-ce que parce que ces bâtiments avaient été conçus par le génial architecte communiste Oscar Niemeyer, à qui on doit aussi le siège du PCF ?

Peut-être, mais ce n’était pas leur motivation principale. Leur motivation principale, c’était d’inciter l’armée au putsch.  Apparemment, l’armée, elle en a soupé de Bolsonaro, elle a eu beau avoir des manifs devant ses casernes, elle avait déjà donné.  Et elle n’était pas mécontente de le voir s’auto-exiler aux États-Unis (quelqu’un a pensé à lui dire que ce n’était plus Trump, au pouvoir, là-bas ?) pour éviter d’avoir à remettre son écharpe à Lula – qui n’a pourtant qu’un programme qui semblerait modéré à François Bayrou. Mais enfin, après Bolsonaro, comme après Trump, n’importe quel politique qui ne parle pas de prendre les femmes par la chatte ou qui demande d’arrêter d’être un pays de tapettes (il faudra, un jour, s’interroger sur les angoisses libidinales de l’extrême-droite…), il vous apparaît comme un modèle d’humanisme et de fraternité.

La Nupes est bien l’ennemi prioritaire de la macronie

Le bilan de la journée au Brésil, c’est outre trois cents arrestations, la déprédation d’un certain nombre d’œuvres d’art du patrimoine national, ce qui a défaut de surprendre de la part de ce type de « patriote », reste tout de même assez désolant.

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Donc, revenons à notre Séjourné. Penser à LFI plutôt qu’au RN (par exemple) à propos de ce qui s’est passé au Brésil, indique bien l’ennemi prioritaire de la macronie. La gauche. Et rien que la gauche. Ce n’est pas plus compliqué que ça. On rappellera qu’aux dernières législatives (coucou Blanquer !), dans tous les duels de second tour entre la Nupes et le RN, les ambiguités et le renvoi dos à dos de la gauche et de l’extrême-droite ont permis l’élection de plusieurs dizaines de députés lepénistes.

Que Séjourné se rassure, cependant, il n’y aura pas de 6 février 34 de la gauche, ce n’est pas le genre de la maison. Mais à force de banaliser certaines idées, certains comportements, il n’est pas impossible que Macron soit le président qui aura fait élire Marine Le Pen. Il paraît que ça l’obsède, cette idée, Macron. Si ce jour-là advient, Séjourné pourra venir manifester avec la gauche, retrouver les « valeurs communes » que lui et les autres macronistes disaient avoir avec Mélenchon entre les deux tours de la présidentielle.

On n’est pas rancunier. Mais Séjourné, ce jour-là, aura autre chose à faire. Passer un entretien d’embauche chez McKinsey par exemple.


Un autre son de cloche

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