Une statue de Sainte Marie-Madeleine nue détruite, car jugée indécente
Marie-Madeleine aura vraiment tout vu.
Début août, le premier témoin de la Passion et de la résurrection du Christ – si l’on en croit les Évangiles – a été victime d’une profanation en règle. Sur les terres provençales où elle a fini ses jours, la sainte était depuis cinq ans honorée au sommet du massif de la Sainte-Baume, dans la chapelle du Saint-Pilon (Var) par une statue de plâtre signée José Silva da Fonseca.
Une œuvre brisée en plusieurs morceaux. Les coupables ? Des iconoclastes, au sens littéral du terme, puisque ces tristes sires « ont laissé un mot disant qu’ils n’acceptaient pas qu’une grande sainte comme sainte Marie-Madeleine soit représentée de telle manière », a déclaré à France Bleu le frère dominicain Patrick-Marie Bozo, qui a découvert l’outrage.
Cette revendication semble a priori écarter les pistes sataniste et islamiste (à moins d’une opération sous faux drapeau…). Les soupçons se dirigent donc vers d’éventuels catholiques ultra puritains, sédévacantistes ou autres conspis schismatiques jugeant le trône de saint Pierre rongé par le vice. Attristé par ce saccage, l’artiste Olivier Naviglio, qui a restauré la chapelle en 2015, ignore « qui a fait le coup, sûrement des intellectuels… qui mettent le désordre en contestant jusqu’à l’iconographie de l’Église catholique ».
Certes, le sculpteur José Silva da Fonseca avait fait preuve d’audace en s’inspirant de ses amis la poétesse Myriam Boisaubert et l’architecte Rudy Ricciotti pour figurer Madeleine et un ange. Mais l’œuvre honorant la sainte patronne de la Provence était-elle pour autant obscène ? « Marie-Madeleine est représentée à poil, c’est vraiment le cas de le dire, puisque ses cheveux lui tiennent lieu de vêture. Si on s’amuse à détruire toutes les nudités dans les églises, la chapelle Sixtine a intérêt à bien se tenir ! » ironise Naviglio.
Traditionnellement connue pour ses santons, la Provence compte désormais ses censeurs.