La municipalité de Toul (54) parviendra-t-elle à ériger la fameuse statue en mémoire du général Bigeard ?
Ce qui aurait dû être un simple hommage à un enfant du pays s’est transformé en une guerre des mémoires. Depuis 2018, sa ville natale de Toul (Meurthe-et-Moselle) caresse le projet d’ériger une statue à la mémoire du général Marcel Bigeard, figure marquante de la guerre d’Algérie. Aujourd’hui, la statue de bronze, haute de 2,5 mètres, est prête à rejoindre son socle. Pourtant, l’opposition, notamment à gauche et en Algérie, s’est mobilisée.
En avril, le quotidien algérien El Watan a dénoncé un cas de « révisionnisme historique ». Le 1er mai, à Nancy, le chapitre lorrain de la Ligue des droits de l’homme a manifesté contre l’idée d’honorer un officier si controversé, et le 25 mai dans la même ville, des manifestants ont défilé de nouveau, exhibant une fausse statue en carton-pâte. En juillet, le centre culturel France-Algérie a adressé une lettre au sous-préfet exigeant l’interdiction pure et simple du monument et rappelant que le nom du général est « associé à une technique d’assassinat (« crevette-Bigeard ») ». Il s’agit de prisonniers, les pieds coulés dans du ciment, jetés dans la Méditerranée depuis un hélicoptère. Le général a toujours nié toute implication dans de telles pratiques, ainsi que dans l’usage de la torture. Lors de sa mort en 2010, un projet pour transférer ses cendres aux Invalides a dû être abandonné face à une levée de boucliers. Malgré tout, la Fondation Général Bigeard, qui finance la statue, ne lâche rien. Pour elle, comme pour le maire (PS) de Toul, Alde Harmand, il est hors de question de se laisser intimider par ceux qui voudraient réécrire l’histoire à leur sauce ou stigmatiser un héros qui a pourtant fait ses preuves durant la Seconde Guerre mondiale et en Indochine.
La statue sera installée, dit-on. Mais quand ? L’inauguration, initialement prévue le 18 juin, date de la mort de Bigeard mais aussi date hautement symbolique, a été reportée. En somme, la statue a été déboulonnée avant d’avoir vu le jour.