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« Demolition man »: le navet d’anticipation

Stallone dans un film prémonitoire


« Demolition man »: le navet d’anticipation
Demolition Man, 1993. Numéro de reportage : REX43017803_000001 Auteurs : REX FEATURES/SIPA

Ce nanar de 1993 anticipait l’enfer de la « bien-pensance »


En 1993 sortait Demolition Man, film d’action réalisé par l’artiste italien multi-facettes Marco Brambilla, avec au casting un Sylvester Stallone au sommet de sa gloire, épaulé par le fantasque Wesley Snipes et la toute jeune Sandra Bullock. Il raconte l’histoire d’un policier condamné pour bavure à soixante-dix ans de cryogénisation, que l’on extirpera de son sommeil en 2032 afin d’interpeller un fugitif, dans un monde aseptisé où les forces de l’ordre ne savent même plus utiliser une arme de poing.

Un air de déjà-vu

Vingt-six années ont passé. Si le long-métrage ne semblait à l’époque soulever aucune question morale, son contenu revêt aujourd’hui un caractère prémonitoire. Au milieu des torrents de balles et des tirades à la Rocky, se dessine une fresque confondante de ressemblance avec la société qui est en 2019 la nôtre.

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Comme dans un diorama de la Rue Saint-Honoré en pleine fashion week, hommes et femmes constituent un peuple à l’allure hermaphrodite, leurs différences étant fondues dans la laideur du vêtement unisexe. Ils déambulent à travers d’angoissantes artères urbaines, jalonnées de caméras qui assurent l’interdiction de tout comportement déviant, telle que la consommation de chocolat ou de cigarettes. Presque trente ans avant nous, Stallone (alias John Spartan) a le privilège de se faire traiter de sale mangeur de viande en débarquant dans le monde du futur ! Les micros veillent à ce que les outrages verbaux soient proscrits, sous peine de sanction financière immédiate ; ce que les haut-parleurs sont prêts à notifier aux citoyens qui se laisseraient aller à un mauvais mot.

« Vous avez une amende d’un crédit, pour infraction au code de moralité du langage ».


Pour justifier l’excès de virilité nécessaire à l’accomplissement de sa mission, sa collègue, qui n’a pas connu le XXe siècle mais se passionne pour l’étude de nos mœurs révolues, fait preuve de mansuétude en expliquant que « c’est ainsi que les mâles hétérosexuels anxieux se comportaient entre eux ».

La société qui sera la nôtre quand #Metoo n’aura plus de raison d’exister

Nous en sommes au stade terminal de la dictature bien-pensante. Dans l’ère post-Twitter, la police de la pensée a déserté. Et pour cause ! La raison est mécanique : l’homme n’en est plus à avoir peur de formuler des propos répréhensibles, car il est à présent dans l’incapacité de les mûrir. Les mots sont le moteur de la pensée. En épurant le langage, les citoyens n’ont logiquement plus les moyens d’effectuer le moindre écart idéologique.

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Le théâtre de ce cirque porte le nom de San Angeles, mégalopole qui a absorbé plusieurs villes de Californie. Et les relations charnelles dans tout ça ? Une scène vient là encore confirmer la prescience du scénariste. À l’heure du porno 4K en réalité augmentée, on assiste à une scène de baise 2.0, où en évitant tout contact physique, les orgasmes sont provoqués à l’aide d’un casque connecté. Plus besoin de capote, ni de partenaire ! Demolition Man a donc éradiqué les MST. En annihilant tout désir sexuel, et les attitudes qui en découlent, il a avorté le mouvement MeToo. Par l’indistinction du sexe opposé, il a radié l’homophobie de la surface du globe.

Sans pour autant sortir de son registre de castagneur gonflé aux anabolisants, Stallone se dresse en sentinelle d’une civilisation qui n’accepte pas la soumission à la tyrannie progressiste. La nature même du film rendrait maladroite toute évocation des romans d’Orwell ou Huxley, mais malgré tout, Demolition Man a le mérite d’interpeller nos consciences. Alors, à tous ceux qui craignent de voir ce monde prendre vie ici en France – comme le sergent Spartan dans le film – vous savez ce qu’il vous reste à faire : envoyez vite une VHS de ce navet à Marlène Schiappa !

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