La finale de la Ligue des Champions au Stade de France, dont la France avait voulu l’organisation, a donné lieu à de graves débordements et violences. Le coup d’envoi du match a été retardé, provoquant la colère de l’UEFA, et une forte sidération internationale devant l’incapacité de la France à assurer la sécurité. Les images de l’ensauvagement de la jeunesse faisant le tour des réseaux sociaux, après avoir accusé des supporters anglais munis de faux billets, les autorités françaises ont été contraintes de reconnaitre que des bandes de jeunes gens de la Seine-Saint-Denis ont semé le chaos samedi soir. Une réunion de crise est prévue à 11 heures. «Gérald Darmanin sera là avec moi. Le but est d’établir les responsabilités qui sont plurielles» a affirmé ce matin la ministre des Sports Amélie Oudéa-Castéra sur RTL.
Ah, Saint-Denis, cette « Californie à la française » devant laquelle s’extasiait Emmanuel Macron ! Ah, cette vitrine du vivre-ensemble et de la créolisation, cette préfiguration de la France de demain (à moins de changement radicaux dans notre politique migratoire) ! Ah, sa diversité qui est une chance ! Ah, ses supporters anglais arborant des maillots du PSG et déclarant vouloir « niquer la France, et vive l’Algérie et vive le Maroc ! » Pardon ? « Supporters anglais » avez-vous dit, monsieur Darmanin ? À ce stade (de France), c’est le mensonge et le déni élevés au rang des beaux-arts…
Le 28 mai, le match Liverpool / Real Madrid organisé au stade de France a été l’occasion d’un fiasco sans précédent. Des hordes escaladant les barrières pour entrer de force, des supporters anglais (les vrais) empêchés d’accéder au match malgré leurs billets en règle et hors de prix, quand ils n’étaient pas méthodiquement agressés et dépouillés par les « chances pour la France » du département, des familles et des enfants aspergés de lacrymogènes par les forces du Préfet Lallement, des journalistes étrangers effarés témoignant de désordres à leurs yeux inconcevables, et deux ministres insupportablement satisfaits d’eux-mêmes, mentant sans vergogne en accusant les « supporters anglais » qui pour l’essentiel n’y étaient pour rien, au lieu de dénoncer les racailles, les organisateurs, les responsables du maintien de l’ordre, et par-dessus tout leur propre incompétence.
Indécence odieuse, étalée à la face du monde entier, qui préfère accuser les victimes plutôt que d’affronter les coupables.
Une fouille efficace prend du temps
Un peu de contexte. La sécurisation d’un match de foot de grande ampleur présente des difficultés évidentes. Que certains sports engendrent des mouvements de foules violents n’a rien d’une nouveauté : à Byzance, déjà, des émeutes parfois mortelles opposaient les « verts » et les « bleus », supporters des courses de chars. Le hooliganisme est une réalité bien connue, tout comme les bagarres et autres saccages de TGV à l’occasion de « rencontres » PSG/OM, sans oublier les attentats toujours possibles. Il faut donc fouiller correctement ceux qui entrent dans le stade, pour éviter l’introduction d’armes, de projectiles, de bombes au poivre ou que sais-je. Or, une fouille efficace prend du temps, et fouiller des dizaines de milliers de personnes prend beaucoup de temps. Les spectateurs ont l’impression d’arriver tôt s’ils se présentent deux heures avant le début du match ? Ils se trompent : ces deux heures sont techniquement insuffisantes pour tous les contrôler avant de les laisser rentrer.
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Seulement voilà : ce problème existe depuis des décennies, et s’y ajoute depuis au moins vingt ans la prédation systématique et systémique d’une population qui n’a pas grand-chose à voir avec les « factions » des hippodromes byzantins, mais tout à voir avec la chute de cette ville en 1453. Ne pas savoir l’anticiper est une preuve soit d’incompétence, soit de calcul cynique. Ne l’oublions pas, la passivité complice du pouvoir envers les racailles « issues de la diversité qui est une chance » est bien connue, tout comme son mépris envers les citoyens ordinaires, « ceux qui ne sont rien » et autres « Gaulois réfractaires ».
Fouiller prend du temps ? La belle affaire ! Les clubs ont largement les moyens financiers d’investir pour installer plus de points de contrôle, augmenter les effectifs des agents de sécurité, et ainsi réduire les délais.
Dans deux ans, les Jeux olympiques…
Il y a des troubles aux abords ? Le ministère de l’Intérieur a l’autorité nécessaire pour imposer aux organisateurs de faire appel à une sécurité privée étoffée. Bien sûr, la présence des forces de l’ordre est facturée (à un prix loin de couvrir la facture réelle pour l’Etat, mais passons) aux clubs et aux fédérations, mais les effectifs de la police et de la gendarmerie ne sont pas infinis, et ont autre chose à faire que sécuriser les exhibitions de millionnaires jouant à la balle, si médiatiques soient ces exhibitions. Reste que comme n’importe quelle fête de village, un match de foot de grande ampleur est une manifestation soumise à autorisation, et que les entreprises de sécurité privée seraient parfaitement capables d’y engager plus de moyens humains – surtout lorsqu’un match est organisé dans un territoire connu pour présenter des risques particuliers, comme Thierry Henry en avait fort judicieusement fait la remarque. Décidément, les JO 2024 s’annoncent bien…
Anecdote amusante, en réalité les incidents ne se sont pas limités à Saint-Denis. Une journaliste espagnole a fait dans Paris même la rencontre d’un rat, suscitant de fort intéressantes réactions. Le monde entier va-t-il découvrir ce que le progressisme a fait de ce qui fut jadis la Ville Lumière ? Ceci dit, les Japonais n’avaient pas attendu…
300 à 400 jeunes issus des quartiers sensibles
Y a-t-il eu des insuffisances lourdes dans l’organisation du match par l’UEFA et consorts ? Oui, assurément. Y a-t-il eu des resquilleurs et/ou des victimes de surbooking parmi les supporters anglais ? Oui, probablement. Sont-ils les responsables du chaos de samedi soir ? Bien sûr que non. Il faut la malhonnêteté du centrisme autoritaire pour faire semblant de prendre des weshwesh du 9-3 pour des hooligans britanniques. Il semble d’ailleurs que les autorités anglaises ne s’y soient pas trompées, et la police de Sa Majesté, qui avait dépêché des forces sur les lieux, a d’ores-et-déjà apporté un ferme démenti aux allégations absurdes de Gérald Darmanin. Même le Préfet de Police a fini par être obligé de nuancer les « explications » du ministre en évoquant « 300 à 400 jeunes issus des quartiers sensibles de Seine-Saint-Denis »….
Dans cette affaire, le pire n’est pas l’échec opérationnel, même s’il est gravissime et s’ajoute à la longue liste des griefs plaidant pour un départ de Didier Lallement. Car, disons-le, soit celui-ci se distingue par une incompétence rare, soit il exécute fidèlement les ordres, auquel cas ce sont ses donneurs d’ordres qui représentent un grave danger pour tous les citoyens, et il serait du devoir d’un Préfet de Police digne de ce nom de les dénoncer publiquement et de refuser de leur obéir.
Le pire, c’est la malhonnêteté du ministre de l’Intérieur et de la ministre des Sports. Le pire, c’est le mépris affiché de ce gouvernement qui ne prend même pas la peine d’essayer de rendre ses mensonges crédibles. Le pire, c’est la manière dont la macronie œuvre à rendre les forces de l’ordre haïssables aux yeux du Français moyen, et à dégoûter de leur métier tous les policiers et les gendarmes encore animés par la volonté de servir le bien commun – et ils sont heureusement encore nombreux (il serait temps, ceci dit, que leurs organisations syndicales et représentatives s’emparent du sujet, au lieu de se contenter de réclamer des mesures catégorielles, si légitimes soient-elles). Le pire, c’est de voir le pouvoir en place se pavaner à la tribune devant les photographes tout en livrant les honnêtes gens, là, en bas, dans la rue, à la sauvagerie de racailles toujours plus agressives et toujours plus ouvertement conquérantes car toujours plus certaines de leur impunité.