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A six ans des Jeux, le gouvernement abandonne le sport

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A six ans des Jeux, le gouvernement abandonne le sport
Le ministre des Sports Roxana Maracineanu et le maire de Paris Anne Hidalgo, septembre 2018. SIPA. 00874465_000001

Des images de liesses populaires. Des drapeaux tricolores à perte de vue et une cohésion nationale qui s’exprime enfin dans un bonheur partagé. Voilà ce à quoi a ressemblé l’été 2018 français. Une joie commune et un esprit patriotique retrouvés grâce à la victoire de l’équipe de France de football qui, après sa victoire en Russie, a démontré que le soutien de la part de l’Etat à une entreprise comme celle-ci dépassait largement le simple cadre du sport.

Le sport amputé…

Faire mieux avec moins. Voici pourtant la lettre de mission de la nouvelle ministre des Sports Roxana Maracineanu. Quatre mots simples, une phrase limpide et directe pour un constat implacable : celui de l’incapacité de ce gouvernement à se saisir de sujets aussi rassembleurs que celui de l’organisation des Jeux olympiques en 2024. Un évènement qui doit permettre de faire naître des vocations au sein d’une certaine jeunesse mise au ban social et territorial, quelques mois à peine après l’abandon du plan Borloo.

En héritant d’une situation explosive avec la lettre de cadrage de Matignon adressée à son ministère en plein de milieu de l’été et qui prévoit la suppression de 1 600 postes au cours de la période 2018-2022, l’ancienne championne de natation savait que sa mission allait relever du mythe de Sisyphe : porter un projet ambitieux face à la montagne des impératifs budgétaires et tenter que celui-ci ne s’écroule pas avant d’avoir atteint son but.

L’Etat a beau martelé que l’objectif est de laisser davantage d’autonomie aux acteurs de terrain et ainsi de déléguer certaines missions d’encadrement et de formation aux fédérations concernées, il n’empêche que Roxana Maracineanu se retrouve aujourd’hui avec un portefeuille sans véritables moyens.

…alors qu’il « est un moteur essentiel du pacte républicain »

Un constat implacable et cruel quand on sait qu’il y a un an presque jour pour jour, l’exécutif et l’ensemble du monde sportif semblait vivre une parfaite lune de miel à la suite de la décision du CIO d’attribuer les JO 2024 à Paris. A l’époque, l’objectif de 80 médailles était même évoqué. Une quête ambitieuse lorsqu’on sait que les athlètes français grimpaient deux fois moins souvent sur le podium lors des dernières olympiades…

Pourtant, dans un chapitre consacré spécifiquement au sujet, le rapport remis par Jean-Louis Borloo sur les banlieues rappelait que le sport « est un moteur essentiel du pacte républicain ». L’ancien ministre de la Ville prenait même le soin de souligner plus loin que « nos quartiers, avec 9.000 équipements, sont à près de 40% en dessous de la moyenne de l’agglomération et comptent deux fois moins de licenciés », avant de préciser qu’il est nécessaire d’ « identifier, former et arrimer ce réseau qui a un impact fort en termes de prévention, d’accompagnement et de parcours à l’insertion sociale et professionnelle ».

Les valeurs du macronisme

Après plusieurs semaines de tergiversions et une conférence de presse lunaire, le plan était définitivement enterré par Emmanuel Macron. Exit donc de la part du gouvernement, l’ambition d’appréhender le sport comme l’adhésion à un certain corpus de valeurs.

Altruisme, dépassement de soi, transmission de vertus morales, le sport ne se réduit pas aujourd’hui à l’exercice physique mais s’apparente davantage à un facteur d’intégration sociale à travers la dimension méritocratique que revêt le travail et l’assiduité que requiert sa pratique.

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Avec les récentes annonces de suppressions de postes des directeurs techniques nationaux (DTN), des entraîneurs nationaux ou des agents remplissant d’autres missions auprès des fédérations sportives, c’est tout un pan du développement du haut niveau ou des pratiques sportives sur le territoire qui est de nouveau amputé en France.

Des pains pour les Jeux

Alors que l’organisation des Jeux olympiques à Paris en 2024 était l’occasion pour le sport français de susciter des vocations et d’attirer de nouveaux licenciés dans les fédérations, la France se tire une balle dans le pied et semble ne pas prendre en compte toute la dimension que revêtirait un tel évènement en guise de rayonnement sportif et symbolique.

Sans soutien significatif de l’Etat durant la précédente décennie, le sport français avait sombré aux Jeux olympiques de Rome en 1960 : à peine deux médailles d’argent et trois de bronze. Charge à l’exécutif de se souvenir que la victoire de l‘équipe de France de football a montré de façon éclatante que le sport était aussi un facteur d’union nationale et d’intégration sociale.



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