En France, l’État stratège prétend réindustrialiser tout en sacrifiant son atout principal: la filière nucléaire. Ce qui l’empêchera d’atteindre ses objectifs écologiques.
Il y a peu de temps encore, la France se vivait comme une puissance, puissance moyenne peut-être, mais puissance. La crise sanitaire lui a révélé des carences que l’on croyait réservées à des pays en voie de développement. Faute d’anticipation, d’équipements et de capacité de production, les soignants et les travailleurs du quotidien ont souvent dû monter au front de l’épidémie dépourvus de protection. La leçon a été rude, certains l’ont payée de leur vie et aujourd’hui, les Français demandent des comptes. Or, si les politiques entonnent en chœur la critique de la mondialisation, si l’État stratège menant une politique de réindustrialisation et de relocalisation est aujourd’hui sur toutes les lèvres, à commencer par celles d’Emmanuel Macron, on ne voit guère arriver de propositions concrètes.
Le dernier homme politique de premier plan à s’être intéressé à la souveraineté économique et à avoir théorisé le réinvestissement de l’État dans les secteurs stratégiques, Arnaud Montebourg, a été débarqué sous le quinquennat de François Hollande et remplacé par Emmanuel Macron, ce qui annonçait le programme. Si le monde est un vaste marché, le rôle de l’État est d’établir des analyses comparatives pour se fournir au meilleur prix et la puissance est inutile.
En préalable, deux précisions s’imposent.
Tout d’abord, la souveraineté économique et industrielle ne signifie pas l’autarcie. La France ne pourra jamais tout produire et ce n’est pas non plus son intérêt. Par ailleurs, la crise sanitaire a démontré que la fragilité de la chaîne d’approvisionnement provenait de la concentration de la production dans un petit nombre de pays. Il ne s’agit pas, en conséquence, de relocaliser toute notre production, mais de rapatrier certaines capacités industrielles tout en diversifiant nos approvisionnements. Cette diversification de nos fournisseurs est aussi essentielle que la réindustrialisation.
Relocalisation et réindustrialisation ne nous vouent pas au repli frileux
