L’agression du Hamas est assez unanimement condamnée en France, à l’exception notable de quelques élus d’extrême gauche (voir nos éditos demain lundi). Dans ce billet, Philippe Bilger constate que malgré une actualité dominicale dense, la situation inquiétante de l’État hébreu écrase tous les autres sujets.
La situation politique, en Israël, était devenue inextricable, insoutenable. L’horreur de l’attaque-surprise du Hamas, sanglante et meurtrière, au petit matin du 7 octobre, va la rendre secondaire et unir le pays aussi bien pour pleurer le passé immédiat que pour préparer les ripostes du futur. Je ne suis pas l’un de ces spécialistes de la géopolitique mondiale, l’un de ces experts qui prétendent nous éclairer sur le conflit israélo-palestinien avec une forte propension à privilégier la seconde cause au détriment de la première toujours accusée d’en faire trop pour assurer sa sauvegarde. Aujourd’hui je m’en félicite. De la même manière qu’hier, on devait éprouver une indignation absolue face à l’invasion de l’Ukraine par la Russie de Poutine, il est moral bien plus que politique de dénoncer sans l’ombre d’une nuance les actes inhumains du Hamas.
On aura le temps, plus tard, d’appréhender à nouveau l’ensemble des responsabilités dans cet interminable affrontement sans solution apparente entre Israël et les Palestiniens. Je ne doute pas que dès maintenant certains vont nous expliquer qu’Israël n’est pas innocent mais coupable de ce qui l’a frappé et tenir si bien la balance égale que les agresseurs et leurs monstruosités seront légitimés encore plus que leurs victimes. La défaillance des services secrets israéliens, pourtant emblématiques dans le monde, sera probablement sanctionnée et je peux comprendre l’ignoble fierté du Hamas à avoir pour une fois déjoué un système implacable de surveillance et montré de quoi il pouvait être capable pour le pire. Pour ce qui me concerne, soutenir absolument Israël est une obligation. Comme ces actes de guerre – une guerre qui continuera ? – effacent tout, remettent l’ensemble de l’actualité à sa juste place, avec une hiérarchisation non discutable. Pourtant, à la citer en vrac, elle n’était pas dénuée d’intérêt. De la sortie de La Tribune Dimanche – avec des invités et des interviews de personnalités qui n’iront jamais sur le JDD – à la fulgurante première place de Gabriel Attal comme héritier d’Emmanuel Macron pour 2027, du prix Nobel de la paix octroyé ô combien justement à une Iranienne militante incarcérée (Mme Narges Mohammadi), à l’Afrique affamée par le dérèglement mondial, du hold-up de l’Etat sur les caisses de retraite du privé à l’omniprésence de Macron qui prend le meilleur à ses ministres mais les laisse annoncer le pire, on aurait pu effectuer dans ce billet du dimanche mille variations… Mais rien ne compte plus que le Hamas, les morts, les blessés, les otages. Israël touché mais déjà l’énergie collective bandée pour la suite, les ripostes. Oui, il faut soutenir absolument Israël.