Apparemment, à part Elizabeth Teissier, tout le monde redoutait les débordements de Dominique Strauss-Kahn. En revanche, personne ne pouvait prévoir les dommages collatéraux liés à ce viol présumé. Un notable marié à une riche héritière, ce qui est très utile pour se loger à Manhattan mais désastreux pour la libido, se lâche sur le room-service et les répercussions sont internationales, interraciales, inter-classes sociales et inter-femelles et mâles. On aura tout vu et tout entendu et il n’est pas juste que le bienheureux privé de médias depuis un mois soit épargné. Je vais donc proposer un petit rappel des faits.
Prenant comme un seul homme la défense de la victime, les Guinéens de New York sont descendus dans la rue pour rappeler que le corps de la femme africaine ou musulmane ou les deux est sacré et qu’en abuser entraîne le déshonneur. Pour la victime en tous cas. On est heureux de l’apprendre et je suis sûr que le New-Yorkais dérangé sous ses fenêtres et déjà émasculé par les efforts conjugués du puritanisme et du féminisme en a pris bonne note.
Il reste à aller porter le message dans les pays africains en guerre car il semble avoir échappé aux hommes qui règnent dans ces contrées, qu’ils appartiennent aux armées régulières ou aux forces rebelles. Les Guinéens éclairés du monde libre et civilisé s’honoreraient tentant de convaincre leurs compatriotes que les femmes sont les égales des hommes, ou encore leurs cousins du Congo, pays qui détient le record du monde de viols, juste avant la Suède. Sûrement à cause des Suédois.[access capability= »lire_inedits »]
En France, pendant qu’un comité de soutien à Nafissatou Diallo dénonçait le racisme et l’islamophobie du mâle blanc dominant et de ses amis (mais où ont-ils vu jouer ça ?), le peuple de gauche, qui se méfie des Césars comme des tribuns, est abasourdi et désemparé qu’on l’ait privé de son sauveur suprême. De Badinter à Jean-François Kahn[1. C’est injuste pour Jean-François Kahn qui, contrairement aux autres, a reconnu avoir dit une connerie sous l’emprise de son amitié pour Anne Sinclair, mais on ne peut tout de même pas le citer sans le nommer] et de Jack Lang à Bernard-Henri Lévy, les camarades de caste du lourdingue présumé criminel sont montés au créneau, expliquant que quand Dreyfus trousse la domestique, il n’y a pas mort d’homme et que ça ne mérite pas les menottes . J’aurais tendance à penser que le spectacle d’un délinquant menotté, même présumé, est plutôt rassurant. Ces sommités nous ont surtout démontré qu’on a beau être super-journaliste, super ex-ministre ou super-intello, quand on parle sans réfléchir et sans conseiller en communication, on est con comme tout le monde. Et ça aussi, c’est plutôt rassurant.
Un homme ça s’empêche. Même quand la tentation est proche de la torture
Hélas, ce n’est pas ce qu’ont compris les féministes. Ces femelles professionnelles sont désespérément silencieuses sur le machisme, le vrai, le dur, le tatoué, qui sévit dans certaines de nos banlieues. Mais depuis qu’elles croient, avec DSK, tenir une juste cause, on ne les arrête plus. Par je ne sais quel tour de passe-passe dont l’actualité est coutumière, et pour quelques bourdes de l’élite médiatisée, le peuple mâle s’est retrouvé tout entier inculpé, comme un vulgaire président qui ne sait pas se tenir. La collectivité masculine est accusée de rester sourde à l’exigence de parité en matière de tâches ménagères. Selon Caroline De Haas, qui « ose le féminisme » comme d’autres osent la mini-jupe ou le rose, et qui est de gauche car le macho est de droite, dans 80% des couples, les tâches ménagères sont encore effectuées par les femmes. Personne n’a pensé à mesurer le pourcentage de couples dans lesquels l’homme change la roue crevée pendant qu’il tombe des cordes ou corrige le mal-élevé qui a manqué de respect à madame parce que les gens normaux s’aiment, se complètent et se foutent de ces nouvelles ligues de vertu qui entendent régenter leurs petits arrangements entre amants.
Il m’aura quand même manqué dans ce torrent de bavardages consternant un petit hommage, un petit témoignage de reconnaissance, un petit merci et pourquoi pas un petit bravo. La chute vertigineuse du patron du FMI, numéro sept mondial sur l’échelle des VIP, (j’ai lu ça quelque part, ne me demandez pas ce que font les six premiers) et ex-futur président des Français, en dit long sur la puissance dévastatrice de la pulsion sexuelle masculine. Risquer de tout perdre pour un orgasme de quelques secondes relève moins de la psychiatrie ou de l’addiction que de la simple hétérosexualité et DSK n’est pas un malade, c’est un homme que plus rien n’arrête. Nous, les hommes civilisés, qui vivons avec des femmes libres et égales, sommes bien souvent soumis à une tentation proche de la torture. La tempête intérieure qui se lève à la vue de la violente douceur d’une courbe féminine et qui chaque fois nous renverse, demande des efforts constants pour être contenue. Cette bête qui vit dans nos entrailles et qui mord lorsque le parfum d’une femme la réveille est toujours sauvage, jamais domptée mais bien souvent maîtrisée, attendant le consentement d’une femme pour se déchainer. Et ce tourment qui ne nous laisse jamais en paix, et dont vous les femmes jouez parfois, nous vivons avec, pour le meilleur et pour le pire. Il est l’épreuve du gentilhomme. Un homme ça s’empêche et il faut reconnaitre que malgré sa force colossale, le monstre qui nous habite attend souvent son heure et votre bon plaisir.
Au lieu de ces injonctions culpabilisatrices et de ces entreprises féministes de castration, notre sang-froid mérite sûrement quelque récompense. Alors à vos bons cœurs mesdames.[/access]
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