Les Jeux olympiques lui doivent beaucoup, le IIIe Reich aussi. Portée par la chance et guidée par l’opportunisme, Leni Riefenstahl a mis son talent au service du nazisme. Ses images mythiques et ses amitiés douteuses ont occulté son génie.
La dame aura poussé loin la coquetterie : franchir le cap des 100 ans et mourir dans son lit, une nuit de septembre 2003, à peine remise de ses fractures dues à la chute de l’hélicoptère mitraillé avec lequel elle fuyait la guerre civile au Soudan… Leni Riefenstahl n’avait peur de rien.
Ayant passé son examen de plongée en 1972, elle photographie encore, à 90 ans révolus, les fonds marins des Maldives, pour lesquels elle s’est prise d’une chaste passion. Dix ans plus tôt, son objectif a immortalisé les Noubas, tribu de somptueux guerriers africains au corps peint, scarifié, que la civilisation occidentale n’avait pas encore atteinte. Succédant à l’administration anglaise du Soudan, le régime arabo-musulman a mis moins de vingt ans à clochardiser cette peuplade « primitive », anéantie sous la férule de l’islam.
Leni Riefenstahl était tombée un jour sur un cliché noir et blanc signé George Rodger : un lutteur nu, athlète juché sur les épaules de son adversaire, en vainqueur. Dès lors, elle n’a eu qu’une idée en tête : filmer l’éden inviolé de l’Apollon soudanais. En 1962, la Lufthansa finance son expédition. Mais les lourdes caméras 35 mm sont intransportables
