On ne dit plus « bizutage », on dit « soirée d’intégration ». Mais ce qui était autrefois prétexte à des débordements d’un goût douteux est devenu l’occasion de scène de barbarie, comme en témoigne l’affaire de la souris croquée vivante par un élève de classes préparatoires du lycée Thiers, à Marseille. Notre chroniqueur, qui y enseigna, s’en indigne — et la rédaction de Causeur avec lui.
Et d’abord, les faits. Lors d’une « soirée d’intégration », un élève de classe préparatoire du lycée Thiers, à Marseille, a mis dans sa bouche la souris apprivoisée d’une camarade, et l’a tout simplement croquée — vivante.
Même Néandertal les faisait cuire avant de les déguster…
Le rectorat d’Aix-Marseille n’a pas souhaité faire de commentaires, les faits se déroulant lors d’une « soirée arrosée hors du lycée ». Il reconnaît toutefois une « affaire choquante ». La direction du Lycée Thiers de Marseille n’a pas souhaité non plus s’exprimer sur le sujet.
Je suis scandalisé. Non seulement en tant qu’ami des bêtes (et la Fondation 30 millions d’amis a annoncé son intention de porter plainte), mais en tant qu’ex-enseignant de ces mêmes classes prépas dans ce même lycée.
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Il y a quelques années, une racaille des Quartiers Nord avait eu l’intelligence de se faire filmer en train de fracasser un chaton contre un mur. Arrêté, il avait été condamné à un an ferme (la peine maximale, pour cruauté envers les animaux, est de cinq ans de prison et 75 000 euros d’amende), et envoyé aux Baumettes, où quelques durs incarcérés là-bas, qui ont obtenu l’autorisation d’avoir un chat dans leur cellule, lui ont expliqué le respect que l’on doit aux bêtes. À Brest, en 2014, c’est tout un groupe de jeune gens qui s’est « amusé » à torturer un chaton. Plus la proie est petite et sans défense, plus la cruauté des sadiques s’exerce impunément.
L’attitude pour le moins réservée du recteur est inexplicable. L’élève en question devrait déjà être renvoyé du lycée, à titre conservatoire, et rayé de toutes les prépas à tous les concours, en attendant une condamnation en justice.
Parce que tuer ainsi une souris témoigne d’une dégradation mentale irrattrapable. Tenez, un exemple :
« La première fois qu’il éprouva ces « sensations », il sortit pour aller étrangler un chat. Après cela, il se sentit « soulagé » pendant tout un mois. En novembre, ce fut un grand chien de berger (…) Après avoir dû, pendant deux mois, se contenter d’oies et de poules, il se risqua à égorger un vagabond endormi. »
C’est ainsi que Ian Fleming décrit la jeunesse de Donovan Grant, dans Bons baisers de Russie.
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Je ne gloserai pas sur « qui gobe un œuf tue un bœuf » ; Mais ce dont témoigne cette répugnante affaire, c’est de l’ensauvagement, (la « brutalization », disait l’historien américain George Mosse) de la société française. Et plus seulement dans les quartiers déshérités où l’éducation est désormais limitée à la portion congrue. Non : même chez les enfants des CSP+, l’absence de conscience morale, la restriction nécessaire au niveau du Surmoi, n’existent plus. Les barbares sont parmi nous.
J’appelle le nouveau proviseur du lycée Thiers et l’administration centrale à, prendre immédiatement les mesures de protection des élèves qui s’imposent. Un étudiant capable d’un tel acte de cruauté, quel que soit le prétexte alcoolisé dont il ornementera cette sinistre histoire, quel que soit le repentir dont il affichera les marques, est capable de tout — et du reste. Et du pire.
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