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Sourions un peu en attendant la fin

Quand les tartufferies nous mènent au désastre, la fatalité nous pousse à en rire.


Sourions un peu en attendant la fin
Guillaume Meurice, le 26/10/2019 / PHOTO: JP PARIENTE/SIPA / 00930340_000033

Au milieu de l’effondrement généralisé, réjouissons-nous de constater qu’il y a parfois une justice en ce bas monde et que l’humour (volontaire ou non) ne l’a pas encore complètement quitté ce monde. Revue hétéroclite de quelques phénomènes, individus ou événements, nous permettant de sourire un peu en attendant la fin.


Malgré une critique dithyrambique sur France Inter, France Info, Télérama et Libération, et une publicité très complaisante dans de nombreux autres journaux, le film pro-migrants « Les engagés » n’a fait que 1815 entrées (13 personnes par salle !) lors de son premier jour d’exploitation. Sans doute le tweet gnangnan de Najat Vallaud-Belkacem (« A voir : ça fait 1 bien fou de renouer avec notre humanité ») n’a-t-il pas été pour rien dans ce désastre. Émilie Frèche a réalisé un film lourdingue et donneur de leçons, d’après les quelques courageux qui se sont risqués à aller le voir. En revanche, Cédric Herrou l’aurait trouvé génial. Résultat des courses : le bide absolu. Avec 176 copies, ce tract immigrationniste a péniblement attiré 19 609 spectateurs en une semaine. Durant la même semaine, la comédie intime de Gad Elmaleh, « Reste un peu » (cf. l’article que Philippe Bilger lui consacre dans ces colonnes), parvient à attirer plus de 152 000 spectateurs et se hisse à la très honorable 4ème place du box-office.

E.J. Rosetta, une journaliste du Huffington Post, a été chargée par son journal de trouver les vingt propos les plus transphobes de la créatrice de Harry Potter, J.K. Rowling. Cette dernière est harcelée par les activistes trans depuis qu’elle a osé rappeler qu’une « personne menstruée » cela s’appelle une femme. Pendant trois mois, E.J. Rosetta a lu tous les livres, tous les tweets, tous les entretiens de J.K. Rowling et a reconnu honnêtement ne pas avoir trouvé un seul propos transphobe. Elle ne s’attendait visiblement pas à ça. Bouleversée, elle tweete : « Les violences que J.K. a endurées sont impardonnables. […] Honte à ceux qui l’ont accusée sous prétexte de “faire du journalisme”. […] Honte à ceux qui ont suivi cette propagande sans esprit critique ». Au même moment, comme nous l’apprend Sarah Mimon dans son article, la Warner Bros a apparemment décidé de se passer des services d’Emma Watson. L’actrice incarnant l’Hermione Granger des films Harry Potter se disait prête à reprendre le rôle à la seule condition que J.K. Rowling soit tenue à l’écart des productions à venir. Les responsables de la Warner, pas fous, ont déclaré espérer continuer de travailler encore longtemps avec… J.K. Rowling.

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Libérée de ses engagements avec la Warner, Emma Watson pourra éventuellement jouer dans les prochains films woke de la marque Disney. Elle ne devra toutefois pas espérer obtenir le même succès qu’avec Harry Potter. En effet, après l’échec commercial des bandes dessinées mettant en scène un Superman bisexuel et écologiste, c’est au tour du film d’animation « Avalonia, l’étrange voyage » (« Strange world » en VO) de se ramasser la binette aux USA. Et pas qu’un peu. Au vu du premier bilan catastrophique, les comptables de Disney considèrent que la société perdra au minimum 100 millions de dollars lors de son exploitation en salles. Les concepteurs de ce film d’animation avaient cru apparemment pouvoir compenser un scénario faiblard par la présence d’un très jeune couple gay. La tendance officiellement woke de Disney commence à lui coûter cher. Sa cote de popularité s’est effondrée après que la cadre dirigeante Karey Burke a déclaré souhaiter que 50 % des personnages Disney dans les films pour enfants soient LGBTQIA ou « racisés ». Les nouveaux films s’obligeant au politiquement correct (« Blanche-Neige et les sept nains » avec une héroïne « racisée » et des nains remplacés par des « créatures magiques », par exemple) rapportent peu d’argent ou sont déficitaires. La chaîne Disney+ encaisse une perte de 1,47 milliard de dollars au dernier trimestre. L’action s’écroule. Business is business : le conseil d’administration de Disney vient de remercier le PDG Bob Chapek et de rappeler l’ex-PDG Robert Iger, Blanche-Neige, les sept nains et Oncle Picsou pour reprendre les manettes de la Walt Disney Company.

Dernier spectacle à Paris : Scandale à l’Assemblée Nationale ou le triomphe de Tartuffe. Alexis Corbière se mord les lèvres pour tenter de s’arracher un sanglot à côté d’un député se plaignant maladroitement d’une remarque raciste qui ne lui a jamais été faite. Plus tard, non loin du Palais Bourbon, les députés de LFI se rassemblent et prennent des mines de circonstance. De lourds nuages plombent l’horizon. Soudain, des éclairs déchirent le ciel, la terre tremble : Jean-Luc Zeus Fidel Mélenchon, le doigt pointé vers un ennemi invisible, beugle son texte d’un trait. Il y est question d’une France « diverse, multiple, bigarrée », de sa naissance en Afrique, des racistes et des fascistes qui courent dans nos rues. Clémentine Autain et Mathilde Panot sont hypnotisées par la prestation de ce maître ès esbrouffes capable tout à la fois d’ameuter les badauds et d’effrayer les bourgeois en usant de braillements ravageurs sortant d’une gueule humaine comme de celle d’un obusier. Louis Boyard prend des notes. S’il lui manque la culture et l’expérience trotskistes de son illustre patron, on sent chez ce jeune homme borné une prédisposition pour l’aboiement haineux, le grognement vindicatif et l’inflexion geignarde qui caractérisent les agitateurs professionnels – l’histoire montre que ces seconds couteaux révolutionnaires finissent généralement (au mieux) dans les geôles politiques de ceux qu’ils ont aidés à prendre (momentanément) le pouvoir. Réjouissante perspective.

Puisqu’on parle un peu de théâtre, de cinéma et de séries, signalons que Jean-Luc Mélenchon, alias David Vincent, les a vus. Dans plusieurs villes, ils contrôleraient « les gens qui passent dans la rue » et ceux « qui montent dans les bus ». À Lyon, ils se baladeraient « en foutant la trouille à tout le monde, en tabassant les gens ». Qui sont-ils, ces nouveaux « envahisseurs » ? Mais… « les milices d’extrême-droite », bien sûr. Sous la férule de LFI, la Nupes a encore trouvé le moyen de se ridiculiser : dénonçant le climat « de violence exacerbée dans la société », elle demande la création d’une commission d’enquête à l’Assemblée nationale sur… « les groupuscules d’extrême-droite en France ». Pendant ce temps-là, Jean-Luc Mélenchon lance un appel tout en nuances à ses militants : « Va falloir commencer à vous organiser, les camarades. Parce que nous, à Marseille, on a dû y aller avec des méthodesimpactantes ! » La presse mainstream, si prompte à réagir au moindre soulèvement de sourcil agressif d’un député RN, ne dit pas un mot sur cet explicite appel à la violence. Au moins Mélenchon nous aura-t-il bien amusés : 71 balais et toujours prêt à se lancer dans une bagarre et à se faire impacter la tronche par les hordes de nazis qui grouillent dans nos villes,, moi je dis chapeau ! Quant aux « antifas » amateurs, ils peuvent, avant de passer à l’action, s’entraîner grâce à un « jeu de société » (Antifa, le jeu) les plongeant dans « des situations de plus en plus complexes, présentées dans différents scénarios en utilisant une sélection des cartes du jeu : une bande néonazie s’implante dans la région, votre ville tombe aux mains de l’extrême droite… » Ce moyen supposément ludique et (dans un premier temps) fictif de lancer une « action offensive » contre « l’extrême-droite » est fort apprécié de l’extrême-gauche, de Libération à Clémentine Autain, des Inrocks aux humoristes subventionnés de France Inter, Guillaume Meurice en tête. Fort heureusement, il est très vraisemblable que l’avenir de ces activistes de salon ressemblera à celui de Louis Boyard. Ce qui ne peut que nous réjouir derechef.

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Un autre qui nous a bien amusés dernièrement est le président de la FIFA. Gianni Infantino a visiblement suivi des cours à l’université Paris VIII. Son discours à l’occasion de la conférence de presse inaugurale du Mondial 2022 ressemblait à un examen final d’éloquence woke : « Aujourd’hui je me sens Arabe, aujourd’hui je me sens Africain, aujourd’hui je me sens gay, aujourd’hui je me sens handicapé, aujourd’hui je me sens travailleur migrant. […] Les critiques sur le mondial sont hypocrites. Pour ce que nous, les Européens, nous avons fait au cours des 3000 dernières années, nous devrions nous excuser pour les 3000 prochaines années avant de donner des leçons de morale aux autres ». Rien à dire, on sent que les bases sont acquises. Gianni Infantino a reçu les encouragements du jury de Paris VIII. Les encouragements, seulement ? Et pourquoi pas les félicitations ? Parce que, ont fait remarquer certains membres du jury, Gianni Infantino a oublié de se sentir également non-binaire, Noir, pansexuel, Aborigène, racisé, trans, Amérindien, asexuel, Inuit et Adama Traoré.

Côté humour, ceux qui ont de la chance, ce sont les Anglais. John Cleese, après avoir regretté le fait qu’il serait aujourd’hui certainement « annulé ou censuré » s’il apparaissait sur la BBC, a accepté d’animer en 2023 une nouvelle émission sur GB News. Le co-fondateur de la géniale bande des Monthy Python qualifie la cancel culture de tragédie et veut profiter de cette nouvelle émission pour dénoncer les loufoqueries issues du wokisme. D’un côté John Cleese, de l’autre Guillaume Meurice, choisis ton camp camarade !

Une dernière pour la route. Sur France Inter, lors de la Matinale du 30 novembre, Benoît Hamon, ancien organisateur des funérailles du PS et actuel directeur général de Singa (association pour l’accueil et l’intégration des migrants), a déclaré : « Être pour ou contre les migrations est aussi absurde que de dire qu’on est pour le soleil ou contre la pluie ». Nous laissons le lecteur imaginer le fondement intellectuel ayant pu conduire à cette réflexion cosmique qui trouvera sûrement une place de choix dans les Annales de la pensée pataphysique (Jarry) ou dans de prochaines Chroniques des immenses possibilités (Vialatte). C’est en tout cas ce que nous pouvons lui souhaiter de mieux.



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Amateur de livres et de musique. Dernier ouvrage paru : Les Gobeurs ne se reposent jamais (éditions Ovadia, avril 2022).

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