Souchon, Voulzy, Daho, Thiéfaine…


Souchon, Voulzy, Daho, Thiéfaine…

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« Purée infecte » ? (dixit Jean-Louis Murat), « ennui » ? (Le Figaro), le premier album commun des cadors de la chanson française ? Non, juste l’insoutenable légèreté de deux êtres, Souchon et Voulzy, intégralement fusionnés pour la bonne cause et pour la première fois depuis 40 ans. Et comme dans toutes les fusions d’entreprises, l’un des géants a absorbé son partenaire. Ici, nous dirons que Voulzy a pris les commandes de la tendresse Souchonienne pour un survol planant des centrales nucléaires anglaises de la pop folk et psyché. Cet OVNI (objet Voulzy non ignifugé) évoque plus sûrement son dernier album Lys & Love que celui de son alter ego adressé aux enfants, A cause d’elles, mais les deux compères ont enfin enregistré ce Graal d’éternité (vous savez, la mer bretonne allée au soleil de anglo-normand) : le disque ultime pour… les grands enfants bercés aux « Ballade de Jim », à Belle-Ile-en-Mer ou sur la Rive gauche, dans les nuits sans Kim Wilde.

Sa cure de jouvence, Etienne Daho, lui, la prend auprès de la nouvelle génération (Lescop, François Marry – de Frànçois & The Atlas Mountains) et de valeurs sûres (Dominique A), notamment sur le duo magnifique avec ce dernier : « En surface ». Après avoir publié Les Chansons de l’innocence retrouvée en 2013, Daho – notre Dave Gahan national – poursuit rituellement ses libations sonores en public, à dominante eighties mais qui ne prennent pas une ride. Ici, le témoignage live « cuvée 2014 » de sa tournée Diskönoir laisse à penser que la musique de Daho sonne définitivement comme la bande-son du Grand Soir sentimental (ou du grand sommeil récupérateur, selon l’humeur) ! Ces chansons aux titres parfois zemmouriens (« Tombé pour la France », « Des attractions désastre », « Bleu comme toi »…) ravivent tant de souvenirs de notre jeunesse insouciante, infacebookée et intwitterée (on reprend son souffle). Rien que pour la résurrection enlevée de « Soleil de minuit », dédiée à Nico et son fils Ari, vous pouvez foncer les yeux fermés dans ce Diskönoir qui n’a de disco et de noir que le titre (et la sublime pochette, à l’unisson du contenu).

Quant à Hubert-Félix Thiéfaine, c’est auprès de son jeune fils Lucas – âgé de 21 ans et propulsé réalisateur de son nouvel album Stratégie de l’inespoir – qu’il prend sa cure de jouvence. En 2011, son indépassable chef-d’œuvre Suppléments de mensonge résonnait comme un Bleu Pétrole d’outre-monde, quand tant d’autres alimentent la marée noire qui asphyxie la faune musicale. Ici, comme toujours chez Thiéfaine, le soleil est bien le seul à chercher un futur. Le chanteur revient avec sa poésie amie et continue sur sa lancée inspirée, avec toujours ce supplément d’âme Bisontine – cher à ses fans – qui le caractérise. Au détour d’une chanson, Thiéfaine nous sert la Trierweilerie de l’année : « L’aubépine se prend pour la rose / Et l’idiot devient président. » Un autre extrait ? « Sous la plage il y a des pavés / Médiocratie, médiacrité / Des pavés bien intentionnés pour un enfer climatisé »

Il y en a un qui ne manque pas de s’afficher dans son bain de jouvence sur sa pochette, j’ai nommé Francis Zégut, à l’occasion de la sortie de son nouveau coffret 4 CD (au prix d’un CD en Import) : Pop-Rock Station By Zégut, Volume 3. L’animateur légendaire est de retour et rétablit le courant dans l’eau de jouvence avec son électricité pop-rock, sans craindre l’électrocution ! En effet, même s’il vient du hard-rock – Francis montre à quel point il aime la guitare sur le CD 4 consacré aux Lives – le bonhomme offre un programme véritablement éclectique, dans lequel les passionnés, toutes générations confondues, plongeront sans se pincer le nez. Le grand (coffret) bleu comprend ainsi de quoi réchauffer les eaux de la discorde des chapelles musicales internationales : Isaac Hayes (« Shaft »), Gary Numan (« I Am Dust »), Blue Oyster Cult (« (Don’t Fear) The Reaper »), The Stranglers (« Walk On By »), Toto (« White Sister »), Midlake (« This Weight »), etc. (62 titres au total…).

Avec toutes ces belles sorties, c’est nous qui prenons une cure de jouvence. Alors, vive la communauté jouvencelle de France !

 

Alain Souchon et Laurent Voulzy, Alain Souchon & Laurent Voulzy, Parlophone

Etienne Daho, Diskönoir, Polydor/Universal Music

Hubert-Félix THiéfaine, Stratégie de l’inespoir, Sony Music

Francis Zégut, Pop-Rock Station by Zégut Vol.3, Warner Music

 

*Photo : PJB/SIPA. 00698409_000091. 



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est l'auteur de nombreux ouvrages biographiques, dont Jean-Louis Murat : Coups de tête (Ed. Carpentier, 2015). Ancien collaborateur de Rolling Stone, il a contribué à la rédaction du Nouveau Dictionnaire du Rock (Robert Laffont, 2014) et vient de publier Jean-Louis Murat : coups de tête (Carpentier, 2015).

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