Ayn Rand a vingt ans lorsqu’elle décide de fuir, seule et sans un sou, mais avec Nietzsche dans sa besace, pour Saint-Pétersbourg. Elle a vite pigé quelle duperie est le communisme et quelle chape de plomb s’abat sur la Russie. Exilée aux États-Unis, elle sera engagée à Hollywood par Cecil B. De Mille.
Léonid Andreïev, pourtant adoubé par Maxime Gorki et écrivain d’une lucidité exceptionnelle, connaîtra un sort plus tragique : il se suicidera en 1919 après avoir dressé un réquisitoire implacable contre Lénine et Trotski et envoyé, comme une bouteille à la mer, un S.O.S. aux Américains. On ne sera guère surpris qu’il ait fallu cent ans pour que ces textes prémonitoires soient enfin traduits – et admirablement par Sophie Benech – en français. Ne nous faisons pas d’illusions : ils passeront inaperçus tant l’idéal communiste reste ancré dans l’âme française. « Si vous saviez, écrit Andreïev, combien est noire la nuit qui plane sur nous. Il n’y a pas de mots pour décrire ces ténèbres. »
L’idéologie du mensonge déconcertant
À la fois serviteur déloyal et chef corrompu, le bolchevisme à été dès sa venue au monde l’image même de la duplicité et du mensonge, de la tromperie et de la traîtrise.
Personne, en Occident, n’a prêté la moindre attention à cet appel au secours de Léonid Andreïev. Il est vrai que la Révolution est un si beau mot que même ceux qui la dénaturent bénéficient de toutes les indulgences. L’Histoire se répète avec une désarmante naïveté. Et il semblerait que chaque fois les premiers à tomber dans le piège soient les intellectuels ou prétendus tels. La lecture de Léonid Andreïev les décillera-t-elle ? Rien n’est moins sûr.
Léonid Andreïev, S.O.S., traduit du russe par Sophie Benech. Éd. Interférences. 2017.
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