Le 29 septembre 2021, le ministère de l’Éducation nationale a produit une circulaire destinée à définir la conduite à adopter par les professeurs et autres personnels face à des « élèves transgenres » ou « en questionnement de genre ». « La transidentité est un fait qui concerne l’institution scolaire », lit-on ; l’objectif annoncé est d’accueillir au mieux ces élèves en acceptant le changement vers le genre « ressenti », éventuellement en cachant les revendications des élèves à leurs parents, et au besoin en donnant accès à des toilettes différentes ou en modifiant le prénom des enfants sur les cartes scolaires. L’association SOS Éducation, à l’origine d’une note documentée sur le caractère alarmant et dangereux des transitions pédiatriques en plein essor, voit dans cette circulaire l’institutionnalisation de l’idéologie dite « transaffirmative » dans l’école, et a lancé une pétition qui rassemble plus de 13 000 signataires. Entretien avec la déléguée générale de l’association Sophie Audugé.
Causeur. Que contestez-vous dans la circulaire de Jean-Michel Blanquer sur « l’identité de genre en milieu scolaire » ?
Sophie Audugé. La première chose qu’on conteste, c’est que la transidentité soit un fait : en réalité, c’est une idéologie, pas un fait. L’idée affichée de la circulaire, c’est qu’il ne faut pas stigmatiser les enfants qui se poseraient des questions sur leur genre. Mais c’est dans la nature même de l’école de ne pas stigmatiser les enfants, on n’avait pas besoin de faire une circulaire de 11 pages pour un objectif aussi simple. En réalité, cette circulaire n’est pas une circulaire mais un manifeste qui reprend tout le corpus argumentatif de ce qu’on appelle l’idéologie transaffirmative. Il ne s’agit pas seulement de reconnaître les droits des personnes transsexuelles, mais surtout de prendre fait et cause pour le principe d’autodétermination du genre ressenti pour chaque personne – quel que soit son âge. Le genre ressenti est envisagé comme quelque chose qui serait un sentiment profond, presque transcendantal et donc non discutable, où la biologie n’a pas sa place, ni l’état émotionnel ou la période de vie de la personne qui l’exprime ; exit également les bouleversements identitaires de l’adolescence, les situations personnelles, les relations intrafamiliales… Et c’est à ce titre-là que la transidentité n’est pas un fait, mais une idéologie diffusée par des militants qui cherchent à convertir un maximum de personnes. Ce n’est pas un fait biologique, pas un fait scientifique, et à ce titre-là elle n’a pas à rentrer dans l’école.
De plus, en France, cette idéologie n’a pas fait l’objet d’un débat public. Dans d’autres pays, comme c’est le cas au Canada par exemple, Justin Trudeau et ses ministres vous disent que la transidentité, c’est le nouveau monde, c’est la nouvelle norme sociale qu’on souhaite appliquer. Ils disent clairement aux parents qui ne sont pas d’accord avec la transidentité que c’est eux le problème, que s’ils ne l’acceptent pas, ils seront responsables des souffrances de leur enfant, et ils leur disent : « mieux vaut avoir un fils transgenre qu’une fille morte », à vous de choisir… Si vous êtes parent au Canada, vous savez que ça se passe comme ça dans l’école et dans la loi. Mais en France, à aucun moment le pouvoir en place n’a dit que la transidentité pouvait être une nouvelle norme sociale et qu’il fallait la reconnaître comme un fait social à l’école. En réalité, cette idéologie s’est infiltrée de manière totalement insidieuse. Quand vous confiez vos enfants à l’école de la République, vous vous attendez à ce qu’elle vous garantisse la protection de vos enfants, dans un cadre dédié à l’enseignement et à la transmission de savoirs. Pas à ce qu’elle fasse passer de tels messages à vos enfants.
Comment en est-on arrivés à institutionnaliser cette idéologie ?
La circulaire institutionnalise effectivement un mouvement qui était déjà entré dans l’école depuis longtemps. Pour être tout à fait honnête, nous aurions tous dû intervenir bien avant, parce que toute la sémantique transaffirmative était déjà en place, déjà relayée par un certain nombre d’interventions faites aux enfants par diverses associations LGBTQ+ ou le Planning familial. Elles diffusent auprès des enfants tout le vocable transaffirmatif, elles distribuent des questionnaires dans les classes en demandant aux élèves s’ils se sentent fille ou garçon, binaire ou non-binaire… on leur dit : si tes parents te « genrent » ou te « mégenrent », c’est un acte de violence que tu peux dénoncer. Ces propos existaient déjà, on le savait, mais pour une raison qu’on ne s’explique pas, l’ensemble de la communauté éducative a considéré que ce n’était pas suffisamment grave pour s’y opposer avec fermeté. Personne, sans doute, n’avait envisagé que le ministre de l’Éducation nationale prendrait fait et cause pour cette idéologie transaffirmative.
La circulaire fait référence à plusieurs associations de cette mouvance, notamment l’association Le MAG Jeunes LGBT. Or cette association fait partie de la fédération européenne d’associations transaffirmatives IGLYO, qui a produit en novembre 2019 un rapport qui détaille un protocole de lobbying pour infiltrer les politiques publiques et faire passer l’affirmation du genre ressenti dans la loi, avec une volonté affichée de toucher les jeunes. C’est quand même invraisemblable que le ministre de l’Education se fasse le relais des arguments d’une telle association dans sa circulaire. Cette association est agréée par l’Education nationale, elle touche des subventions pour aller dans les écoles servir la bonne parole… Elle a par ailleurs un partenariat avec une marque de cosmétiques plébiscitée par les jeunes, et pas des moindres, Sephora, qui a fait une campagne de communication pour le lancement d’une palette de fards spécifiquement destinée aux personnes transgenres avec un influenceur très suivi sur les réseaux sociaux. N’y a-t-il pas de conflit d’intérêt ? Tout ça pose des questions fondamentales qui n’ont plus rien à voir avec la cause du respect des droits des homosexuels et transsexuels, et encore moins avec l’école. Ce qui se joue là est une modification de norme sociale et un énorme business ! Cela s’est infiltré dans l’école par le biais des associations, et Jean-Michel Blanquer vient d’institutionnaliser cette nouvelle norme à l’école. Il y aura un avant et un après.
Abordons les choses de manière un peu concrète : quelles sont les conséquences de la transition de genre chez les jeunes ? Quelles sont les trois étapes de cette transition que vous décrivez dans votre rapport, et où est-ce qu’on en est en France, sur le plan légal, vis-à-vis de toutes ces démarches ?
Effectivement, c’est le deuxième point de notre opposition : la première chose, c’est que l’idéologie ne doit pas rentrer dans l’école, et la deuxième chose, c’est qu’elle est contraire à l’intérêt supérieur de l’enfant. Notre démarche à SOS Éducation a été de nous documenter très sérieusement afin d’évaluer l’enjeu et les risques du point de vue de l’intérêt supérieur de l’enfant. Les transactivistes n’hésitent pas à faire du chantage au suicide comme on l’a vu avec l’exemple du Canada. Évidemment c’est une question très sérieuse qui nécessite toute notre vigilance. On s’est documentés pour démêler le vrai du faux et avoir un avis le plus objectif possible.
Ce qui nous permet d’avoir cet avis objectif, c’est qu’un certain nombre de pays – malheureusement pour eux et heureusement pour la France – ont engagé des processus de transition pédiatrique depuis déjà dix ans. Les premiers à engager un tel processus ont été les Pays-Bas, avec un protocole assez pointu, qui partait d’un accompagnement pédopsychiatrique exploratoire assez important. Ce protocole permettait d’accompagner les enfants concernés sur le long terme : l’enjeu était d’évacuer toute autre origine du mal-être qui n’aurait pas été liée à l’incongruence entre son genre ressenti et son sexe de naissance.
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La dysphorie de genre, c’est un trouble qui est documenté depuis près de 100 ans, avec un profil des personnes concernées bien connu : très majoritairement des garçons, à 66%, et puis, en termes de prévalence, c’était en moyenne un garçon sur 10 000. Ce qui caractérise ce trouble, c’est qu’il intervient très tôt, souvent entre deux et quatre ans, d’où son nom de « dysphorie de genre à déclenchement précoce ». Cela a été étudié sur le long terme, et on voit que les enfants accompagnés se réconcilient avec leur sexe de naissance après l’adolescence dans 70% des cas. Ils vont vivre leur vie de manière assez classique, en étant hétérosexuels ou homosexuels – et d’ailleurs il n’y a pas forcément de relation de l’un à l’autre. Pour ceux dont la dysphorie de genre perdure après la puberté, la question de la balance bénéfices/risques doit être posée, et ceux dont la souffrance est trop forte démarrent un programme de transition par la prise d’hormones.
Et puis il y a dix ans, ces pays ont commencé à engager plus rapidement des processus de transition chez les enfants. A la suite des campagnes des mouvements transaffirmatifs, la dysphorie de genre a été dépathologisée, avec pour conséquence de mettre fin à l’accompagnement psychopathologique exploratoire qui permettait une attente vigilante et notamment chez les enfants. A partir de là, les enfants ont été rapidement engagés dans la voie de la prise de médicaments, puisque plus personne n’interrogeait leur ressenti de genre. Il s’agissait d’affirmer le genre auto-déclaré et de passer directement à la prise de bloqueurs de puberté, quel que soit l’âge. Mais les médecins et les psychothérapeutes se sont rendu compte que la population des candidats à la transition avait changé et qu’il y avait un emballement des courbes. Des personnalités du monde médical ont commencé à se poser des questions sérieuses. Un certain nombre de lanceurs d’alerte se sont fait entendre par l’intermédiaire de documentaires qui ont fait l’effet d’une bombe en dénonçant le principe de la transition pédiatrique. Il y a plusieurs raisons à leur cri d’alerte : il s’avère que la population n’est plus du tout la même puisqu’il y a aujourd’hui une très grosse majorité de filles (70 à 80%), qui expriment le sentiment d’« être nées dans le mauvais corps » bien plus tard et de manière soudaine, sans aucun antécédent dans l’enfance. On parle de « dysphorie de genre à déclenchement rapide et soudain ». Et dans la très grosse majorité des cas, de 70% à 90% en fonction des médecins, l’origine de la souffrance est d’une toute autre nature, c’est-à-dire que ce qui prime, ce n’est pas le sentiment d’être d’une certaine manière en désaccord avec son sexe de naissance, mais plutôt soit que la jeune fille a un vrai dégoût de son corps, ce qui peut arriver à l’adolescence, on le sait bien, soit qu’elle souffre de troubles psychopathologiques d’une autre nature. Les retours d’expérience de ces pays montrent une surreprésentation de jeunes présentant des troubles autistiques, des troubles post-traumatiques consécutifs à des sévices sexuels, des troubles du développement cognitif, un haut potentiel, des troubles alimentaires… Donc des profils d’enfants qui peuvent avoir tendance à faire des « focus » sur des thèmes, et le thème en question, c’est l’identité de genre, qui devient obsessionnel chez eux.
Un certain nombre de médecins ont en outre affirmé publiquement que les traitements n’avaient jamais été conçus pour des enfants, qu’ils n’avaient aucune mesure à long terme des effets pour une prise à cet âge-là, puisqu’on intervient sur des enfants pour lesquels le développement du cerveau, mais également tout ce qui est lié au rôle des hormones dans la maturité émotionnelle… n’est pas terminé. Tout ça n’a pas fait l’objet d’études sérieuses, et ils ont déclaré avoir de très gros doutes sur l’absence d’effets secondaires d’ampleur sur le développement cérébral et émotionnel. Il y a aussi des effets avérés sur la masse osseuse, et tout un ensemble d’autres conséquences, notamment évidemment la perte de la fertilité. Le caractère éclairé du consentement de l’enfant à de tels traitements, alors même qu’il n’a pas la maturité nécessaire pour prendre des décisions engageant sa vie future – sa volonté peut-être de créer un foyer, d’avoir des enfants… n’est pas recevable. Le collège des pédiatres américains s’est positionné clairement sur l’impossibilité des parents et des enfants à donner un consentement éclairé du fait des incertitudes médicales des traitements.
On s’est intéressé aussi à la façon dont les enfants entraient dans ce processus mental de conviction de ne pas être nés dans le bon corps. La première étape, c’est celle de la transition sociale. Souvent par le biais des réseaux sociaux, un enfant va commencer à regarder des vidéos, à être lié avec des groupes de personnes qui sont transgenres, et il va limiter son cercle de communication à ces groupes. Il va y trouver tout un ensemble d’arguments en faveur du changement de sexe – on est sur un phénomène très analogue à celui des sectes, c’est ce que disent notamment toutes les détransitionneuses, qui sont plusieurs dizaines de milliers maintenant : elles disent que le discours, globalement, c’est : si tu ne te sens pas bien, c’est sûr que tu n’es pas née dans le bon corps, fais comme moi, tu verras, tu vas pouvoir te découvrir pleinement, choisir qui tu es, il n’y a que toi qui peux le faire et moi qui peux te comprendre. Si ta famille ne te suit pas, c’est qu’elle ne te comprend pas et qu’elle ne t’aime pas. A partir de là déjà, c’est une forme d’enfermement. Et ensuite on va les pousser à engager des actes : d’abord, une adaptation physique et vestimentaire de base, éventuellement les cheveux coupés ou portés longs… Tout ce qui est hyper stéréotypé, en réalité – alors qu’ils prétendent lutter contre les stéréotypes de genre. Après cette première phase, arrive assez vite la question du prénom, puis du pronom, et ensuite de leur utilisation dans le cercle familial et à l’école. Souvent, les jeunes vont commencer à en parler à leurs amis, et ne vont conserver dans leur cercle que les amis qui sont a priori favorables, voire également engagés dans la même démarche – c’est pour cela qu’on parle de contagion sociale, et notamment de « clusters » dans certains établissements scolaires. Les enfants vont donc se rassembler, pratiquer entre eux les prénoms choisis. Potentiellement ensuite l’école va les adopter aussi, en accord ou pas avec le cercle familial. C’est l’étape 1 de la transition, la transition sociale. Une fois que l’enfant est en transition socialement, il est engagé dans un processus qui est difficile à interrompre, comme embarqué dans un train – c’est la formule qui a fait mouche du premier documentaire suédois qui a eu un gros impact, The Trans Train, qui explique que la transition est un train : le premier wagon est la transition sociale, mais une fois qu’on est monté dedans, il est très difficile d’en sortir, puisque les gens autour de vous, mobilisés uniquement sur cette question, vous motivent et vous enferment… C’est un système assez basique sur le plan psychanalytique d’action-récompense.
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Rapidement va intervenir la deuxième étape, c’est-à-dire la prise de médicaments : d’abord les bloqueurs de puberté pour les plus jeunes, puis à partir de 14-16 ans on va passer directement aux hormones croisées. Viendra ensuite la troisième étape, celle de la chirurgie.
Au niveau du cas spécifique de la France, on en est où de l’autorisation de tous ces médicaments-là ?
Pour les médicaments, il faut que les parents soient d’accord et que le médecin considère que le consentement de l’enfant et des parents est éclairé, c’est-à-dire qu’ils ont bien pris conscience des risques et de l’irréversibilité du traitement. Il n’y a rien dans la loi en France qui fixe un âge limite. Il suffit que le mineur ait consulté un psy qui considère que le ressenti de l’enfant n’a pas à être questionné, alors l’endocrinologue va commencer par prescrire des médicaments : c’est le cas du fameux documentaire Petite fille, diffusé sur Arte il y a quelques mois, où le médecin prescrit des bloqueurs de puberté à l’enfant alors qu’il a 6-7 ans. Aujourd’hui il y a des cliniques du genre en France, il faut être clair. Mais la France est arrivée sur tous ces sujets-là plus tard que d’autres pays. Aux Etats-Unis il y en a déjà plus de 100. Ça explose et c’est un véritable marché : il y a d’un côté l’industrie pharmaceutique, les labos qui produisent les hormones etc, et également un énorme marché de chirurgie, du « haut » et du « bas » avec d’énormes enjeux, mais aussi toute la chirurgie esthétique pour féminiser ou masculiniser le visage, notamment le front et le menton.
Tout ça est extrêmement lourd à tout point de vue, coûteux financièrement (même si les frais sont pris en charge en France par la sécurité sociale au titre des ALD – Affection de Longue Durée…) et avec des effets secondaires sur la santé physique et mentale importants. Et en totale contradiction avec ce que font croire les militants transactivistes aux jeunes, car ils s’attachent à démédicaliser le processus. Toute la stratégie, c’est de ne jamais parler des médicaments, des détails des opérations, et surtout de leurs effets délétères et irréversibles. Sur le document qui est distribué dans les écoles à Marseille par une association transactiviste, par exemple, avec le logo de l’Etat et l’argent des contribuables, il est clairement écrit que vous pouvez faire votre transition, que vous pouvez l’arrêter quand vous voulez, qu’il n’y a aucun effet irréversible… C’est absolument faux. Une jeune fille qui veut devenir un garçon, comme c’est la majorité des cas aujourd’hui, prendra des hormones au moment où les cartilages de son larynx sont en train de se constituer, et elle aura une voix de garçon toute sa vie… Et pour la pilosité c’est pareil. C’est pour cela que dans le documentaire The Trans Train, un médecin dit : « Qui prendra la responsabilité de créer des femmes à barbe ? ». C’est bien tout le sujet. Il y a une volonté de ne pas parler de ces choses-là, mais c’est ça la réalité.
La troisième étape de la transition, c’est la chirurgie. Normalement en France, il y a un consensus pour ne pas en faire avant 18 ans. Dans la réalité des faits, on sait – mais personne ne veut l’assumer – qu’il y a des jeunes filles qui ont eu des mastectomies avant 18 ans. Il y a des jeunes filles qui se sont fait amputer de leur poitrine à 14 ans. Comment cela peut-il être possible ? Eh bien les filles portent des bandages (qu’on appelle des binders) trop serrés, ça leur fait des escarres, ou elles se scarifient la poitrine, ce qui fait que le médecin est légitime à faire une ordonnance qui leur donne accès à la chirurgie. Parce qu’elles mettent leur santé en danger, il devient légitime d’intervenir. Mais il faut bien savoir que tout ça, ce sont des conseils qu’on trouve sur les réseaux sociaux et sur Internet : des groupes sur les réseaux sociaux, des transgenres qui racontent et détaillent leur propre processus, fournissent des listes de médecins qui donnent facilement des hormones, des argumentaires clé en main (« il faut dire qu’à tel âge tu faisais tels cauchemars », etc)… C’est comme ça qu’ils obtiennent l’accès à des traitements sans un véritable accompagnement psychothérapeutique pour s’assurer de l’origine de leur souffrance.
A votre avis, quel devrait plutôt être le rôle des pouvoirs publics et de l’Education nationale ? Qu’est-ce qu’il faudrait faire aujourd’hui pour avertir sur ces dérives ?
Il faudrait déjà revenir sur la proposition de loi 4785 qui vient d’être validée par la commission paritaire du 14 décembre dernier et ne pas voter la loi avec la mention de la transidentité. Il faut savoir que c’était normalement un projet de loi qui visait à interdire les thérapies de conversion, des pratiques dégradantes et violentes destinées à changer l’orientation sexuelle des personnes homosexuelles. Et les transactivistes ont quand même réussi à ajouter à cette loi les « pratiques visant à modifier l’identité de genre d’une personne ». C’est surréaliste, en plus d’être complètement contradictoire. Pour de nombreux professionnels de santé, la transition de genre peut être considérée comme une « thérapie de conversion ultime », puisqu’un certain nombre de jeunes homosexuels vont préférer être transgenres pour se remettre d’une certaine manière dans la norme… C’est-à-dire qu’on se prépare à voter une loi en France, en procédure accélérée – alors qu’on se demande vraiment bien pourquoi – qui va faire que toute personne qui estime qu’on ne respecte pas son identité de genre pourra éventuellement porter plainte. Les parlementaires ont ajouté que l’interdiction concernant le questionnement du genre ne s’appliquerait pas à un médecin qui conseillerait un patient ou aux parents qui conseilleraient un enfant, mais ça ne vaut rien du tout. Encore une loi floue qui ouvre une boîte de Pandore juridique, et qui surtout rendra plus difficile la protection des enfants sous influence du transactivisme actuel. On n’avait aucune raison d’ajouter ça dans la loi, et c’est encore une preuve de la puissance du lobby transactiviste qui crée des liens personnels avec les parlementaires pour parvenir à changer le droit en faveur de leurs idées. Comme le protocole publié dans le rapport IGLYO le prévoit, il faut s’appuyer sur une cause populaire, acceptée par le grand public, pour faire passer l’idéologie transaffirmative. C’est exactement ce qui a été fait dans cette proposition de loi.
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Au sujet de l’école, il faudrait déjà faire sortir toutes les associations qui diffusent de telles idéologies, et s’en tenir aux faits. Pour les adolescents, éventuellement présenter ce qu’on sait sur la situation aujourd’hui de contagion sociale qui leur fait croire que la transidentité est un fait et qu’on peut changer de sexe d’un coup de baguette magique sans conséquences graves sur sa santé et sur sa vie. Montrer des documentaires avec les témoignages des médecins, des pédopsychiatres spécialistes du genre, des jeunes qui ont détransitionné et qui regrettent… Il faut apprendre ce que la science a démontré et pas les discours idéologiques. Il faut leur expliquer le bouleversement identitaire qui se produit à l’adolescence et les difficultés que peuvent ressentir beaucoup de jeunes face à ces chamboulements. Ce n’est pas un trouble, c’est un questionnement normal à l’adolescence qui nécessite de se donner du temps. Pour les plus jeunes, il faut juste leur ficher la paix – il faut les laisser grandir, les laisser s’amuser, et arrêter de leur mettre dans la tête des trucs comme ça. Arrêter de genrer et dégenrer l’espace scolaire, les cours de récréation et je ne sais quelles autres bêtises. Mais laissez les vivre ! A-t-on encore le droit en France d’être une fille garçon manqué ou un garçon qui aime davantage les activités qu’on associe bêtement aux filles ?
Il faut, comme le demande SOS Éducation dans sa pétition, retirer cette circulaire. Et faire un rappel à l’ordre formel et strict : l’accord des deux parents est obligatoire avant de permettre tout changement de prénom à l’école. Les idéologies n’ont pas leur place à l’école et l’idéologie d’affirmation du genre à l’école, sauf à ce que le ministre en apporte la preuve irréfutable, est contraire à l’intérêt supérieur de l’enfant. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle plonge les enseignants dans un stress éthique. Que fait l’enseignant qui sait que ce n’est pas bon pour l’enfant ? Il peut tout à fait s’y opposer au motif justement que la circulaire ne fournit pas la preuve qu’affirmer le genre ressenti à l’école est l’intérêt supérieur de l’enfant. Or c’est bien le rôle de l’école édicté dans le code de l’éducation. En tout cas, il faut bien savoir que tout ça crée des tensions à l’école, ça crée des clivages au sein même des équipes. Et le ministre de l’Éducation, en étant complaisant avec des idéologies comme celle-là, contribue à renforcer ces clivages. Et franchement on n’avait pas besoin de ça !
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