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Sophie Petronin, l’otage qui affectionne les jihadistes

De nombreux citoyens ont jugé indignes les déclarations de la vieille femme libérée


Sophie Petronin, l’otage qui affectionne les jihadistes
Sophie Pétronin à Bamako, le 8 septembre 2020 © AP/SIPA Numéro de reportage: AP22501208_000004.

 


Sophie Petronin a déclaré: « Je vais prier, implorer les bénédictions et la miséricorde d’Allah, parce que je suis musulmane. Vous dites Sophie, mais c’est Mariam que vous avez devant vous ». Pour obtenir la libération de cette curieuse otage, qui a-t-on relâché au Mali ? Et quelle somme a-t-on payé? Retenue quatre ans, Sophie Petronin ne veut voir dans ses ravisseurs que des groupes d’opposition au régime. Après ses premières déclarations, son retour laisse un goût amer.


Qu’un fils soit heureux de retrouver sa mère se comprend parfaitement et on aurait aimé partager ce bonheur en tant que peuple. Petite fille, je me souviens des journaux télévisés d’Antenne 2 (nom de France 2 à l’époque) où tous les jours le nom des otages français au Liban et leur durée de détention ouvraient la grand-messe du 20h00, et je me souviens encore de la joie ressentie à leur libération. J’aurais aimé éprouver aujourd’hui ce même sentiment d’avoir retrouvé une compatriote perdue. Or ce n’est pas ce qui se passe et nombre de Français se demandent si un tel otage valait la peine de tant d’efforts au vu de son comportement indécent. La réponse est pourtant oui : c’est la gloire d’une nation que d’estimer qu’elle a à sauver les siens, même les plus malavisés et les moins reconnaissants. Le président français n’a tout de même pas de chance. Le retour d’un otage est en général du pain béni pour un politique, un moment de communion avec les Français qui voient leur dirigeant en sauveur de leur compatriote, donc en homme qui réalise la promesse de protection du peuple inscrite dans sa fonction. À ce titre l’émouvant retour d’une vieille dame, otage durant quatre ans au Mali, aurait dû être un moment heureux pour notre Nation. Sauf que l’otage en question a de quoi mettre très mal à l’aise.

200 djihadistes en échange de notre Tatie Danielle de la prise d’otages?

Enlevée par un groupe dénommé « Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans », dans les faits un mouvement terroriste lié à Al Quaïda, Sophie Petronin, otage tout juste libérée, refuse de les qualifier de jihadistes, paraît être à deux doigts de leur tresser des louanges et n’a pas un mot de remerciements pour la France. Pourtant sa libération pourrait bien nous avoir coûté des millions en rançon, lesquels serviront à acheter armes et munitions et à causer les massacres qui font les pays, misérables, et les orphelins, nombreux. Mais surtout, pour assurer son retour, 200 jihadistes ont été libérés qui à leur tour massacreront, tueront, pilleront et violeront, mettant encore plus en danger la vie de nos soldats qui les combattent sur le terrain.

Certes ces questions se posent dès qu’un otage est libéré. On sait que les négociations avec les ravisseurs déboucheront sur une rançon qui leur servira à poursuivre des buts criminels et on ne peut rendre les otages coupables de ces faits. Sauf quand ceux-ci font tout pour se faire enlever et soutiennent plus les assassins en les transformant en combattant de la liberté, que ceux qui ont risqué leur vie pour les délivrer.

Sophie Petronin en redemanderait presque

La femme dont il est ici question a déjà été enlevée et s’est obstinée à retourner dans cet endroit, le plus dangereux du secteur, alors que la seule question qui se posait n’était pas si elle allait être enlevée, mais quand cela allait se produire. Cette personne, qui se met en scène en diva et en pasionaria de l’humanitaire, n’est en fait qu’une exaltée qui se moque des conséquences de ses actes. Elle se prend pour une grande âme, mais n’a en fait contribué qu’à accroitre le malheur du Mali. Entre l’argent qu’elle aura indirectement fourni aux assassins islamistes et ses œuvres humanitaires, le bilan risque d’être cruel. Il est probable qu’elle aura finalement plus aidé à semer la mort qu’à sauver des vies. Son irresponsabilité sème le malheur, mais elle ne le voit même pas et a l’air de vouloir continuer à mettre les autres en danger pour pouvoir se raconter en héroïne humanitaire. Pourtant certains cadres jihadistes, auteurs d’attentats à Bamako et à Byblos, comme le mauritanien Fawaz Ould Ahmed ont été relâchés pour le plus grand malheur de la population du Mali et de nos soldats.

Qu’elle ne veuille pas en être consciente est humain : elle n’a pas voulu soutenir consciemment le financement d’Al Quaïda au Mali et il arrive, hélas, que les conséquences de nos actions nous éloignent de notre but initial, bien que nos intentions soient louables. C’est l’histoire de l’enfer pavé de bonnes intentions. Ce qui est critiquable, c’est qu’elle ait tout fait pour que cela arrive. Elle gagnerait à regarder cela en face au lieu de nous présenter la captivité comme une longue séance de méditation, une forme de retraite spirituelle où l’on vit au bon air et où l’on mange et on boit bien. Quant à ses ravisseurs, qu’elle présente comme un groupe d’opposition, ils seront ravis de voir leur propre otage les exonérer de tous leurs crimes. Les autres otages apprécieront aussi le discours de Mme Petronin : si être enlevé est l’équivalent d’une séance de médiation prolongé, pourquoi dépenser des fortunes pour sauver des otages à qui l’on offre une occasion exceptionnelle de goûter au lâcher-prise, si on en croit le discours de cette dame ? Cerise sur le gâteau, alors qu’elle devrait s’interroger sur le fait que sa volonté d’aider n’a abouti qu’à ajouter sa pierre à elle aux malheurs du monde, elle trouve judicieux d’expliquer encore qu’elle va repartir. 

Je n’achète pas cette émotion factice

Une telle inconscience est sidérante, mais ce n’est pas le pire. Ce qui est vraiment choquant, c’est de soutenir Al Quaïda en refusant de les qualifier de jihadistes. Or cette femme n’ignore aucun des méfaits des groupes terroristes au Mali. Cette phrase-là est impardonnable. Dommage que l’on essaie de nous vendre de l’émotion préfabriquée autour de cette femme, et que nombre de médias fassent semblant de ne pas entendre le discours gênant de cet otage. Un otage qui gagnerait à se taire ou à apprendre à dire simplement « merci » et « pardon ».

Ceci étant dit, quand on est otage, on n’est pas sauvé en fonction de son mérite, mais parce que le pays a un devoir envers ses citoyens. Et c’est toujours un honneur de le remplir. Dommage que ce ne soit pas la beauté de ce geste qui soit mise en avant.

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Ancienne conseillère régionale PS d'Île de France et cofondatrice, avec Fatiha Boudjahlat, du mouvement citoyen Viv(r)e la République, Céline Pina est essayiste et chroniqueuse. Dernier essai: "Ces biens essentiels" (Bouquins, 2021)

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