Attention, crêpage de chignon ! À ma droite la brune, Sophie Marceau, à ma gauche la blonde, Catherine Deneuve. L’enjeu de cette guerre au sommet du cinéma français, c’est mon Président de la République et ses amours clandestines. Je résume. Interrogée par l’excellent Frédéric Taddeï pour le magazine GQ, Sophie Marceau se déchaîne contre François Hollande à propos de sa liaison avec Julie Gayet, révélée par Closer. « Il a des maîtresses, et, quand on le sait, il refuse d’en parler. » Elle est bonne celle-là : une maîtresse dont on accepte de parler, ça s’appelle une épouse, non ? Mais la Marceau a des idées très arrêtées sur les bonnes mœurs : « Un mec qui se conduit comme ça avec les femmes, c’est un goujat, poursuit-elle. (…) Et puis tromper sa femme pendant un an et demi alors qu’on est président de la République…! C’est cinq ans, un mandat. On ne lui demande pas d’être abstinent non plus, mais je me dis qu’il peut mettre ça un peu de côté ». Et pour faire bonne mesure, elle traite le chef de l’Etat de lâche, tout en précisant qu’elle n’a pas voté pour lui.
Cette désinvolture à l’égard du chef de l’Etat fait bondir Catherine Deneuve. Dans une interview à La Nouvelle République Dimanche, elle juge les propos de sa cadette extrêmement grossiers – et paf, prends-toi ça bécasse ! « Je ne parlerai pas du président de la République comme ça, que je l’aime ou pas, dit-elle. Je comprends qu’on puisse lui reprocher des choses mais pourrait-on rester sur un terrain un peu plus élevé, quand même ? Un « goujat » et un « lâche » ! On dirait qu’on parle du mari de sa meilleure amie qui vient d’être quittée… ». Quant à ses opinions politiques, Marceau est prié d’aller les faire voir ailleurs : « Elle précise qu’elle n’a pas voté pour lui ? Mais ça ne regarde qu’elle ! Les isoloirs sont faits pour ça. » Sur ce point, on me permettra de critiquer la sainte-patronne du cinéma français : on ne l’entend guère quand sa corporation se livre à de délicieux happenings où l’entre-soi est de rigueur et la bonne conscience une arme de destruction massive pour rappeler au bon peuple qu’elle est dans le bon camp.
Signe de nos temps où la liberté s’impose à coups de surveillance et de punition, c’est la jeune qui joue les professeurs de vertu conjugale et son aînée qui défend à la fois la liberté et l’intimité. Alors, sur ce coup-là, je suis sur la ligne Deneuve : je ne veux pas être convoquée dans l’alcôve présidentielle. À part s’amouracher de femmes pas commodes, le Président n’a rien fait pour que sa vie privée soit étalée à la une des journaux. Quant au vote de Sophie Marceau, il me paraît moins significatif que celui d’une ouvrière de La Redoute, jetée après trente ans de bons et loyaux services.
Bref, Deneuve a raison, un peu de tenue, Sophie !
Et pourtant, mon Président a peut-être mérité l’appellation de goujat. Non pas parce qu’il a trompé sa compagne – ça, certaines peuvent le déplorer, mais aucune loi ne l’interdit. Ni parce qu’on en a causé dans les gazettes – ça ce n’était pas de sa faute. L’ennui, c’est que, quelques jours après avoir fait part de son indignation « totale » au sujet de l’intrusion de Closer dans sa vie privée, il avait cru bon de nous convier dans son boudoir, là où les assiettes volent, pour nous faire savoir que c’était lui qui avait mis fin à sa vie commune avec Valérie Trierweiler – en clair qu’il l’avait larguée. Précision qu’aucun gentleman ne s’autorise publiquement après une séparation. Alors, « lâche » est certainement incongru, mais va pour « goujat ».
Et vous, chers lecteurs (et lecteures), vous êtes plutôt Catherine ou plutôt Sophie, plutôt demoiselle de Rochefort ou plutôt Boum ? Heureusement, vous avez un grand week-end pour affronter cet épouvantable dilemme.
*Photo : PJB/SIPA. 00681243_000054.
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