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Sophia Aram: humour ou culture, il faut choisir


Sophia Aram: humour ou culture, il faut choisir
Sophia Aram © PJB/SIPA Numéro de reportage: 00671779_000029

Est-ce que quelqu’un peut lui dire que ce n’est pas Galilée qui a démontré que la Terre est ronde ?


Sophia Aram est humoriste. Tous les lundis, elle lit donc un billet d’humour sur France Inter aux environs de 8h55.

Le 21 janvier 2019, l’ex reine de l’access prime-time de France 2 chouinait, avec un humour contrarié, contre ces manifestantes « sautant dans leurs escarpins » accompagnées « d’enfants bien peignés » aux « joues rosies par des excès de protéines » et « en uniformes de scout ». Chacun aura reconnu une famille catholique comme on n’en fait quasiment plus mais que Sophia Aram voit défiler une fois par an et, comme elle dit, « ça lui pourrit son dimanche ». Démocrate et de gauche, madame Aram se demande comment une telle manifestation peut encore être autorisée.

Elle rêve de donner la fessée à Julien Odoul

Elle a ses autres têtes de turc habituelles, dans lesquelles elle punchingballe sans retenue et sans risque. Zemmour fait office de tête de turc de gondole. S’il a servi la veille, les représentants du RN suppléent. Enfin, François-Xavier Bellamy ou Ludovine de la Rochère (renommée « Ludovine de la Malbaise ») ferment régulièrement le bal.

Humoriste rebelle, Sophia Aram va jusqu’à faire l’éloge de la fessée lors de sa chronique du 18 novembre dernier. Mais pas de n’importe quelle fessée ! Non, de celle qu’on administre « sur le séant de l’impétrant gougnafier répondant au nom de Julien Odoul ». Ce jour-là, elle se félicite de la « rouste », de la « colossale raclée », de « la branlée magistrale » qu’a reçue (symboliquement, bien sûr) ce conseiller du RN.

A relire: Entretien avec Julien Odoul: «Une accompagnatrice scolaire voilée, ce n’est pas la République»

Ce goût pour les rapports sadiques, lubriques et fessiers avec des individus réellement ou potentiellement d’extrême-droite semblent émoustiller régulièrement les humoristes de France Inter.

Daniel Morin avait montré l’exemple lors d’un billet concernant la journaliste Charlotte d’Ornellas : « Les petites cathos d’extrême-droite, ça me plait, ça me fait chavirer, ça me transporte, ça m’excite. Tu me plais, Charlotte […] J’ai envie qu’on fasse des petits jeux coquins, des jeux de rôle où tu serais déguisée en Jeanne d’Arc et moi en Mélenchon, tu me coincerais derrière le canapé, tu me mettrais des fessées bien méritées […] et là je deviendrais fou, fou de désir, et ce sera à mon tour de t’humilier en te disant des choses infâmes, des choses du style : « tais-toi souillon fasciste, viens avec moi dans le salon «  […] et là, tu convulseras et tu beugleras. »

Heureusement, l’auditeur france intériste sait partager le bon grain de l’ivraie et l’humour nauséabond de la fausse goujaterie drolatique, et aucune plainte n’avait été déposée auprès du CSA, aucune réclamation faite auprès de la médiatrice de France Inter, aucun renvoi demandé. Ouf !

Sophia Aram, plus #Mila qu’Alain Finkielkraut

Le billet de Sophia Aram du 10 février 2020 est intéressant à plus d’un titre.

Il montre qu’on peut traficoter les propos des personnes dont on va parler pour leur nuire sous couvert d’humour. Deux bribes de phrases ici, deux mots-là et voici Alain Finkielkraut mis dans le même panier que Jean-Michel Apathie, Nabila et Ségolène Royal : tous nient la liberté d’expression de la jeune Mila et réintroduisent « doucettement » le droit de blasphème – Finkielkraut fait exactement l’inverse, est-il nécessaire de le préciser. « Alors je ne sais pas si l’enfer est pavé de bonnes intentions, mais ce dont je suis certaine c’est que l’autoroute qui y mène est goudronnée par la bêtise », conclut notre donneuse de leçons, contente d’elle.

En parlant de bêtise : quelques secondes plus tôt, la docte Sophia Aram aura expliqué que la définition de la laïcité des sus-nommés « n’aurait même pas permis à Galilée de nous expliquer que la terre est ronde. » Ça tombe bien : Galilée n’a jamais expliqué que la terre était ronde – la chose était sue depuis quelques siècles déjà – mais qu’elle tournait autour du soleil (et non l’inverse), d’où la citation probablement apocryphe : « Et pourtant, elle tourne ! »

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Il faut croire qu’à France Inter ils se donnent le mot. Thomas Legrand, un autre grand humoriste de la station, avait fait la même bourde lors de son billet politique du 18 mars 2019, en critiquant des propos du Pape sur le sida :

« Soit il s’agit d’une incroyable inculture papale, soit nous avons affaire à un aveuglement quasi aussi dogmatique que lors du procès contre Galilée. Benoit XVI nous refait le coup de la terre plate ! » (Merci à André Perrin de nous avoir rappelé cette savoureuse anecdote dans son excellentissime Journal d’un indigné). La terre tourne, c’est maintenant une certitude galiléenne. Une autre certitude, audiardienne celle-là: « Quand on mettra les c… sur orbite, certains n’ont pas fini de tourner ! »

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Amateur de livres et de musique. Dernier ouvrage paru : Les Gobeurs ne se reposent jamais (éditions Ovadia, avril 2022).

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