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Sonia Devillers, la vérité guidant les médias

Un cours de catéchisme vous est proposé quotidiennement à 9h40 sur France Inter


Sonia Devillers, la vérité guidant les médias
Sonia Devillers, journaliste et chroniqueuse sur France Inter © D.R.

Spécialiste médias de la chaîne publique, Sonia Devillers a une mission : éclairer le monde sur la menace que représentent les journalistes déviants. Obsédée par les réacs et fascinée par la télé-réalité, elle assène au fil de ses éditos et interviews sa vision d’un monde non genré et merveilleusement progressiste.


La matinale de France Inter est une liturgie à la gloire du progressisme. À 8 heures 50, Léa Salamé et Nicolas Demorand cèdent la place à la prêtresse Sonia Devillers qui, chaque matin, délivre au bon peuple « L’édito M » qui leur dit ce qu’il convient de penser sur un phénomène médiatique qui fait le buzz. Cette chronique mordante, mais qui plante toujours ses crocs dans les mêmes mollets, n’est qu’une mise en bouche. À 9 heures 40, elle rempile avec « L’instant M », où elle interviewe une personnalité des médias, d’Ardisson au jeune youtubeur aux millions de vues. La dame déverse, dans son édito comme dans son instant M, tant de poncifs du progressisme soft, en une sorte de mélasse tiède, au goutte-à-goutte, que cela n’en est même plus énervant. Cependant, après m’être infligée plusieurs de ses productions, j’ai tout de même trouvé du grain à moudre.

CNews va beaucoup trop loin pour elle

Sonia Devillers est une enfant de la bourgeoisie de gauche post-soixante-huitarde. Fille d’un architecte renommé, elle suit une prépa littéraire et des études de philosophie à la Sorbonne. Un premier « couac » cependant, elle commence sa carrière de journaliste au Figaro, où elle reste tout de même dix ans. À croire qu’à l’époque, la presse de droite ne lui faisait pas peur. Aujourd’hui, elle est tellement persuadée d’être dans le camp du Bien, avec une sorte de naïveté confondante, qu’elle en devient presque touchante.

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Sonia Devillers est obsédée par les réacs. Le 20 septembre, elle dénonce le lancement, en Angleterre, de deux chaînes de télé, GB News et Talk TV, qui ont l’outrecuidance de dénoncer, entre autres, la culture woke. On devine aisément l’allusion appuyée à CNews. Ce n’est un secret pour personne, c’est la guerre de tranchées entre France Inter et la chaîne des méchants. Dans « L’heure des pros », Pascal Praud attaque d’ailleurs souvent notre vestale du politiquement correct. Le 23 juin, il a pris la défense de Laurence Ferrari, accusée par Devillers de complicité avec l’ennemi pour ne pas avoir soutenu la grève à ITélé en 2016. Laurence Ferrari est donc pour elle une « jaune » comme le disaient les mineurs. Et elle en aurait été récompensée par sa nomination à Europe 1. « Si un homme avait dit pareille infamie, il aurait été accusé de machisme et de misogynie par les féministes », rétorque un Praud passablement énervé. En 2019, Praud s’était également mis en colère, car il avait été accusé dans une des chroniques de Devillers d’avoir été complaisant avec André Bercoff, auteur de propos contestables sur le sans-papiers malien qui avait sauvé un petit garçon d’un incendie. « CNews est allée trop loin », avait assené Devillers. CNews, on vous le répète, c’est l’axe du Mal.

« Cocotte »

Soyons honnête, il lui arrive de donner la parole au diable. En 2017, Élisabeth Lévy a été son invitée pour son livre, Les Rien-pensants. Que notre directrice de la rédaction tapât sur la gauche sans pour autant se dire de droite, semblait totalement lui échapper. À court d’arguments, elle avait finalement demandé : « Mais si on vous énerve tant, pourquoi écoutez-vous ? » Réponse de la patronne : « Je paye, j’écoute ! »

Devillers saupoudre cependant ses éditos de tous les dadas woke du moment. Par exemple, à propos de Bilal, ce pseudo-chanteur à perruques – que je trouve touchant au demeurant –, elle souligne que sa participation au télé-crochet dansant de TF1, « Danse avec les stars », apportera un peu de modernité queer à cette émission « trop genrée ». Ce garçon, qui s’inscrit dans la tradition des travestis à la Michou, mérite mieux.

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Elle semble totalement fascinée par la télé-réalité, et donne souvent la parole à des jeunes qui réussissent dans ce domaine. Elle clame d’ailleurs son admiration pour Kim Kardashian, qu’elle considère comme une « femme puissante », une sorte de symbole du féminisme : « J’ai une passion pour Kim Kardashian, elle peut représenter des sommets de connerie et de vulgarité, mais pour moi, elle est tout l’inverse, d’objet elle est devenue sujet, elle est devenue plus puissante que la télé. » Et là, pour un court instant, je l’ai trouvée sympathique.

Comme les cathos d’antan (avec lesquels ils ont d’ailleurs des points communs), les progressistes ont leurs pauvres – la « diversité » ou les migrants. Invitée le 30 août par le Bondy Blog à dispenser une « masterclass », Sonia Devillers a cru devoir expier son privilège bobo en s’excusant presque de son parcours, expliquant qu’elle était née dans le 93 et qu’elle avait fait des petits boulots pour se payer ses études. Condescendance que cela.

Bien entendu, dans un de ses éditos, elle nous a offert son petit #Metoo personnel. Rien de bien grave, je vous rassure. Un de ses responsables au Figaro l’appelait « Cocotte ». No comment.

Même Yann Barthès est plus ouvert!

Quid de l’islam, ce sujet que les progressistes ont tant de mal à aborder ? Rien, ou presque. Peu après les attentats du 13 novembre, elle invitait Mouloud Achour, la caution diversité de la gauche. Il était venu présenter son magazine, aujourd’hui disparu, Téléramadan. Les attentats furent tout de même évoqués, mais jamais, au grand jamais le mot islamisme ne fut prononcé. CQFD.

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Le point d’orgue de mon enquête dans le joli monde de Sonia est l’émission dans laquelle elle a reçu Yann Barthès, le 18 septembre. Je m’attendais à des roucoulades entre gens du même monde. En réalité, le grand chaman de « Quotidien », la messe progressiste de TMC, est apparu bien plus ouvert et respectueux du camp adverse que son interlocutrice.

Il a créé une rubrique, « La réac du réac », sous forme de revue de presse certes caricaturale mais c’est de bonne guerre [1]. Ce n’est pas nous qui contesterons le droit à la caricature, même à notre encontre. Du reste, Barthès trouve sain de débattre avec la « réacosphère ». « Ils ont des choses à dire », a-t-il affirmé sans ironie aucune. Et, lorsqu’il a qualifié Eugénie Bastié d’intelligente, il y a eu un blanc, tandis qu’on sentait la candide Sonia défaillir derrière son micro. La nuance et le débat semblent décidément étrangers à cette prétendue experte des médias. Cherchez l’erreur.


[1] Un de mes articles, à ma grande fierté, y a d’ailleurs été cité.

Octobre 2021 – Causeur #94

Article extrait du Magazine Causeur




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est enseignante.

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