Deux ans après le vote au forceps de la « loi Taubira » ouvrant le mariage et donc l’adoption plénière aux couples de personnes de même sexe, les Français restent très majoritairement opposés à ses conséquences sur la filiation. C’est ce qui ressort d’un sondage Ifop pour l’Avenir Pour Tous, le mouvement fondé par Virginie Tellenne (Frigide Barjot) suite à son éviction de La Manif Pour Tous.
Parmi les 54% de Français opposés à la loi actuellement en vigueur, 22% espèrent son abrogation sèche et 32% souhaitent sa « réécriture dans le sens d’une union civile en mairie pour les couples homosexuels avec droits égaux aux couples hétérosexuels sans adoption plénière ». La seconde solution, déjà massivement privilégiée par l’opinion avant le vote de la loi, resterait donc le remède le plus évident aux divisions profondes que celle-ci a engendrées.
Deuxième pays au monde à avoir institué une union entre personnes de même sexe, avec le Pacs en 1999, la France a toujours été réputée pour sa grande tolérance en matière de mœurs. Conséquence : la régression opérée par l’escroquerie législative du « mariage pour tous », en 2013, lui reste en travers de la gorge. Au nom de « l’égalité » amoureuse et sexuelle, fallait-il abolir le droit de chacun à une filiation paternelle et maternelle ? En 2015, la réponse est toujours non.
Et pour cause : malgré l’activisme bruyant de micro-lobbies représentant d’un côté une fraction transhumaniste des réseaux LGBT, de l’autre une frange ultra-traditionnaliste des catholiques versaillais, le consensus a toujours existé. Personne en France ne songerait à entraver les pratiques sexuelles de ses concitoyens, ni à leur interdire d’avoir un père et une mère. Or c’est bien sur ce second point qu’une large majorité n’est pas dupe des antiphrases « progressistes » affirmant que priver volontairement un individu de la moitié de sa filiation serait une « avancée sociétale ».
Les décisions de justice, française et européenne, qui ont jalonné les mois suivant l’adoption du « mariage pour tous », ont entériné comme prévu la procréation artificielle à la demande permettant la fabrication d’un être humain sans père (PMA), ou même sans autre mère que « porteuse » à condition que cette dernière soit étrangère (GPA). Elisabeth Guigou nous avait avertis de ces risques dès 1998, et Sylviane Agacinski, Marie-Jo Bonnet ou encore Michel Onfray n’ont cessé de nous les rappeler depuis : technicisation et marchandisation de la vie humaine, esclavage procréatif, troubles psychologiques et autres casse-têtes juridiques…
Reste maintenant à savoir si, grâce à ces voix de gauche et à celle de Frigide Barjot, les leaders de la droite entendront leurs propres électeurs. Ceux-ci sont en effet 76% à souhaiter revenir sur la loi Taubira (40% pour une réécriture et 36% pour une abrogation), soit un chiffre qui laisse peu de place au doute concernant leurs attentes. Et vu les chances de la gauche aux prochaines échéances électorales, il serait regrettable de ne pas en profiter pour adopter – enfin – une réforme qui contenterait la majorité des Français.
*Photo : Wikimédia Commons
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