Aux Pays-Bas, la tentative par la très officielle Société de Diffusion Néerlandaise d’imposer le multiculturalisme a subi un revers à la suite d’une révélation embarrassante.
400 journalistes de ce pilier de la radio et télévision publique qu’est la Société de Diffusion Néerlandaise participaient à un concours qui récompensait celui ou celle qui avait le plus contribué à promouvoir la « diversité ». À la fin de chaque mois, un jury annonçait le nom de l’heureux gagnant du trophée instauré spécialement à cet effet.
Le scoop a également révélé l’existence au sein des rédactions de la NOS d’une base de données contenant les noms et coordonnées de spécialistes de tous bords, pourvu qu’ils soient d’origine non-européenne
Après le tollé qu’a soulevé le scoop du site d’investigation GeenStijl, le directeur de la chaîne publique NOS s’est vu contraint, la semaine dernière, de mettre un terme au concours. Selon lui, il s’agissait d’une initiative journalistique ludique plutôt que d’un projet officiel de sa fondation. Mais le mal était fait. L’échec a été d’autant plus cuisant que même des politiciens et des écrivains « issus de l’immigration » ont exprimé leur dégoût de « ce racisme soi-disant bien intentionné », selon un directeur de journal.
La Société de Diffusion Néerlandaise (NOS) au cœur de la polémique
La crédibilité de la NOS, de loin la plus grande société de diffusion, financée par les deniers publics, en a pris un coup. Bien des auditeurs et de téléspectateurs voient dans ce scandale, qui ne se borne pas au petit monde médiatique, la preuve d’une discrimination anti-Blancs. L’initiative « ludique » a eu un effet diamétralement opposé au but recherché : faire accepter par la population néerlandaise l’existence de minorités ethniques comme des atouts pour la société, au lieu d’assistés, de délinquants ou de musulmans détestant la société impie néerlandaise. Le site GeenStijl alerte depuis belle lurette contre ce qu’il qualifie de culture du politiquement correct de la NOS, bête noire de politiciens marqués à droite comme MM. Geert Wilders et Thierry Baudet. Ceux-ci ont exigé des explications au gouvernement sur ce qu’ils estiment être du détournement de l’argent du contribuable en faveur d’un projet foireux.
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Le scoop a également révélé l’existence au sein des rédactions de la NOS d’une base de données contenant les noms et coordonnées de spécialistes de tous bords, pourvu qu’ils soient d’origine non-européenne. Les rédacteurs puisent dans cette base chaque fois qu’ils ont besoin d’un expert censé pouvoir éclairer le public. Ceci dans le but de ne pas montrer que des visages blancs, ou masculins lors des journaux télévisés, où la NOS règne en maître. Si la direction vient d’interdire le concours pour le trophée de la diversité, le « divibokaal » instaurée fin 2019, il n’en va pas de même de cette base de données ethniques, cette preuve « d’apartheid à la sauce progressiste », selon ses pourfendeurs.
Novlangue orwellienne
Les dénonciateurs utilisent cette affaire pour rappeler également le rôle de la NOS pour faire accepter des changements dans le vocabulaire néerlandais, car dans la plupart des médias certains mots sont bannis depuis peu. Tel « blank », blanc, pour désigner quelqu’un de peau blanche ou claire. Pour blank, on a imposé wit, blank étant considéré comme faisant preuve de la supériorité de la race blanche, pardon, wit. Autre mot banni : allochtoon, pour désigner l’origine non-néerlandaise, extra-européenne, de quelqu’un. Au fil des ans, ce mot aurait acquis une connotation péjorative, car lié souvent comme adjectif à « criminel ».
La NOS suit de tels préceptes à la lettre, jamais officiels mais fortement recommandés d’en haut. Elle a également banni les visages noircis des Zwarte Piet. Ce sont les auxiliaires du bon Saint-Nicolas, patron d’une des plus importantes fêtes traditionnelles, le 5 décembre. Dorénavant, Piet n’est plus noir, zwart, mais grimé dans plusieurs autres couleurs, car la version originale serait dégradante pour les personnes originaires du Surinam ou des Antilles néerlandaises.
Relai militant
La NOS a joué un rôle d’avant-garde dans le blanchiment de Zwarte Piet, ce qui a donné lieu à des actes de résistance de citoyens « traditionalistes ». Ceux-ci ont empêché des manifestants anti Zwarte Piet de se rendre à la province de Friesland, Frise, en coupant l’autoroute vers la ville où le cortège de Saint-Nicolas ferait son entrée triomphale. (Une lauréate du trophée de la diversité a vu récompenser son reportage sur des Néerlandais de couleur se plaignant du racisme qu’ils disaient éprouver surtout autour du 5 décembre.)
Partout aux Pays-Bas, la police a dû séparer pourfendeurs et défenseurs de Zwarte Piet prêts à en découdre. Scènes de violence qui ont de quoi choquer dans un pays peu connu pour ses passions identitaires. Selon ses critiques, la NOS a contribué à enflammer les passions en faisant fi de la neutralité qu’impose son statut. Dans cette affaire, le premier ministre libéral, M. Mark Rutte, longtemps partisan de Zwarte Piet dans sa version originale, a retourné sa veste. Le 5 juin, il a affirmé partager désormais le point de vue des opposants avec qui il s’est entretenu à l’occasion des manifestations et émeutes suite à la mort de George Floyd.
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Sur le plan culturel, des activistes dans un état colérique permanent intiment les Néerlandais à ne plus désigner le 17ème siècle comme leur siècle d’or, Gouden Eeuw. C’est oublier que pendant cette période des Hollandais s’étaient enrichis grâce à la traite des Noirs, aux dires de la directrice du Musée d’Amsterdam, elle-même originaire du Surinam. Bien des Néerlandais ne pardonneraient pas à la NOS une énième génuflexion dans le choix du vocabulaire.
Ce serait une autre preuve de sa collaboration avec les ennemis de la fierté et de l’identité néerlandaises, remplacées par le dénigrement systématique de l’homme blanc, dans les sanglots duquel se mêlent tristesse et colère. Même l’utilisation du mot slaaf (esclave) lui est interdit désormais, car censé désigner un malheureux né dans cette condition inférieure aux Blancs. Comme alternative, les multiculturalistes prônent ‘quelqu’un fait esclave’ et certains médias commencent à obtempérer.
En écoutant les indignés, on dirait que les hommes blancs fâchés et grincheux constituent la majorité aux Pays-Bas, étouffant toute velléité de renouveau. En réalité, un peu plus de la moitié des habitants d’Amsterdam, Rotterdam et La Haye pouvaient être qualifiés d’allochtones avant que l’usage de ce mot ne fût proscrit.
Si le trophée de la diversité a été aboli, il est à craindre que ses effets pervers se fassent sentir encore longtemps. Un écrivain néerlandais d’origine turque s’est demandé mi-moqueur-mi-affligé : « La prochaine fois qu’on m’interviewe à la télé, serait-ce uniquement parce que mon nom figure dans une base de données comme Turc de service ? »
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