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Dorléans le magnifique


Dorléans le magnifique
Francis Dorléans, dans son appartement.
Francis Dorléans, dans son appartement. Crédit photo : Hannah Assouline.

Quelques-uns eurent du génie, presque tous furent malheureux dans des proportions qu’autorisait leur prospérité financière. Dans Snob Society (Flammarion, 2009), Francis Dorléans les suit de loin et les examine de près. Il met à cette occupation l’évidente férocité d’un célèbre mémorialiste versaillais à la cour de Louis XIV, révélant, au-delà de ses gravures à l’acide, la parade flamboyante d’une mondanité enfuie et, avec elle, d’une société audacieuse, souvent raffinée, qu’un délicieux poison de décadence viscontienne menait à sa perte.

Voici Nathalie Paley, princesse de la maison Romanov, d’une beauté androgyne, initiée à la drogue par Jean Cocteau. Il laisse entendre qu’elle est enceinte de ses œuvres. Nathalie n’encourage guère à le croire, qui déclare longtemps après cet épisode : « Il voulait un fils, mais il était avec moi aussi efficace que peut l’être un homosexuel bourré d’héroïne » ! Engagée puis déçue par Hollywood, elle se retire du monde et vit en recluse, muette et désenchantée. Bien différente est Louise de Vilmorin : vive, curieuse quoique définitivement « inconsolable »[1. Je suis née inconsolable, Louise de Vilmorin, 1902-1969, Françoise Wagener, éditions Albin Michel. On lira avec plaisir et profit Correspondance à trois de Louise de Vilmorin, Duff et Diana Cooper, éditions Le Promeneur.], elle cultive une tendre amitié amoureuse avec Duff Cooper, qui fut le premier ambassadeur d’Angleterre à Paris après la Seconde Guerre, et avec lady Diana, l’épouse de ce dernier.

« Loulou » est conviée, avec les very happy few, au « bal du siècle » par Charles de Beistegui, le 3 septembre 1951. Celui-ci est assez riche pour ignorer le montant de ses dépenses. Il a sauvé de la ruine le palais Labia, à Venise, restauré les fresques de Tiepolo, l’a décoré avec faste, puis a convié tous ses amis. Ils viennent, ils sont éblouis. L’événement entre dans la légende. L’écrivain américain Truman Capote n’en fut pas. Il organise, lui aussi, un bal mémorable, à New York, le 28 novembre 1966, après le triomphe de son récit De sang-froid. Se précipitèrent au Plaza, masqués, Frank Sinatra et Mia Farrow, Philip Roth, Rose Kennedy, Tallulah Bankhead, Greta Garbo, Niarchos, Andy Warhol, Cecil Beaton… Pourtant, après la publication par le magazine Esquire en octobre 1975 de « La Côte basque, 1965 », chapitre de son prochain livre annoncé,


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Mai 2017 - #46

Article extrait du Magazine Causeur




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Né à Paris, il n’est pas pressé d’y mourir, mais se livre tout de même à des repérages dans les cimetières (sa préférence va à Charonne). Feint souvent de comprendre, mais n’en tire aucune conclusion. Par ailleurs éditeur-paquageur, traducteur, auteur, amateur, élémenteur.

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