L’édito d’Elisabeth Lévy.
Si la vie des hommes et des sociétés se réduisait à des équations, il faudrait indiscutablement privatiser la SNCF, aligner le statut de ses agents sur le privé, remplacer les petites lignes par des cars Macron, et renoncer à dire « usager » au lieu de « client » (mais dit-on encore « usager » quand on parle de « mobilité » ?). Encore que, à en juger à l’état des chemins de fer anglais, l’équation du train est peut-être moins simple qu’on le dit. Non seulement la privatisation n’a pas été gage de plus d’efficacité et de sécurité, mais un reportage télévisé m’apprend que le contribuable britannique doit débourser 300 euros par an pour ses trains contre seulement 200 pour le contribuable français qui, à ce prix-là, peste déjà contre les tarifs exorbitants, les retards, les grèves, les bugs et les « privilèges » des cheminots.
La SNCF, un peu de la France d’avant
De fait, le cheminot, qui bosse 200 heures de plus par an et souvent plus dur que les Français dans leur ensemble (1 589 heures contre 1 387), bénéficie en retour de trois avantages inestimables par temps incertain : l’emploi à vie, qui vaut à son heureux titulaire l’estime de son banquier ; une retraite prise jeune et avantageusement calculée ; et enfin, des salaires qui n’ont
