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Pour sauver la SNCF, cheminots, battez-vous !

Enfin une bonne raison de faire grève ?


Pour sauver la SNCF, cheminots, battez-vous !
Un travailleur du rail en grève manifeste à Paris, juin 2014. SIPA. 00686408_000002

Pour mieux suivre les rails de Berlin, la profonde réforme d’Emmanuel Macron promet la destruction de la SNCF, fleuron ouvrier français. Aux cheminots de croiser le fer !


Emmanuel Macron a bénéficié de circonstances particulières pour parvenir au pouvoir. Grâce à une opération judiciaire, à laquelle il n’est peut-être pas étranger, il s’est débarrassé de son principal adversaire de l’élection présidentielle. Cette espèce de coup d’État a précipité l’effondrement du système politique d’une Ve République gangrenée. Ce qui lui permet de gouverner en s’appuyant sur quatre ou cinq personnes, en liaison directe avec le CAC 40, dont il assume très bien d’être le serviteur. Aidé de la caste de la haute fonction publique d’État, il peut mettre en œuvre la feuille de route voulue par l’Europe allemande.

Un aller simple pour Berlin

Après avoir détruit le monument centenaire du code du travail, il est chargé, dans la perspective de la chère « concurrence libre et non faussée » des europhiles aveugles, de finir la destruction de notre système ferroviaire déjà entamée par les socialistes. Comme d’habitude, on a produit un rapport rédigé par un récidiviste du démantèlement des services publics (en l’occurrence Jean-Cyril Spinetta), pour imposer dans les têtes le caractère indispensable de la disparition de la SNCF. Comme d’habitude encore, on utilise un populisme crasseux pour opposer les travailleurs du rail aux autres catégories de la population. L’occasion la plus infecte ayant consisté à opposer leur statut à celui des agriculteurs. Sus aux cheminots, responsable de tous nos malheurs.

La SNCF, c’est la France…

Et c’est là où pour moi, ça va coincer. Dans mon enfance, le train, et ceux qui faisaient tourner la machine bénéficiaient d’un grand prestige. Ils constituaient une sorte d’aristocratie ouvrière, compétente, rigoureuse et dévouée, indispensable à la nation. Chez nous on les reconnaissait comme tels, et ce d’autant que sous la grêle, ils avaient payé le tribut. Les 3000 cheminots fusillés, les membres du réseau « Résistance Fer », avait beau être communistes, pour mon père ils étaient des frères de combat. J’ai vu les dernières motrices à vapeur, sublimes symboles de la révolution industrielle, les michelines blanches et rouges qui irriguaient mon pays jusque dans ses recoins. J’ai connu la France où il y avait des gares partout et où le chef de chacune d’entre elles était un personnage important. Même si, et c’en était le signe, on se moquait parfois de ses infortunes conjugales. Les choses ont évolué mais ce monument national est toujours présent. Je garde cette tendresse particulière pour les trains, pour ceux qui les conduisaient, et les entretenaient. Je me sens dans le TGV, que j’empreinte souvent, comme dans les michelines ou les trains rapides à compartiments ou wagons Corail.

…qui résiste

Les gares sont toujours des lieux magiques, la lumière et les odeurs y sont les mêmes que dans le monde d’avant. Et ceux qui prétendent le contraire sont des menteurs. Lorsqu’aujourd’hui je prends le TGV pour Avignon, et que je vois 2h40 plus tard, des étrangers américains ou japonais en sortir pour entrer dans l’été provençal, je ressens toujours ce petit sentiment de fierté pour ce que mon pays est capable de leur montrer. Et puis je veux que l’on continue à desservir par le rail, pour les empêcher de mourir, toutes ces villes et petites villes, ces Vallon en Sully, ces Cerans-Foulletourte, ces Villedieu-les-Poêles. Pour cette dernière ne serait-ce qu’en l’honneur de Jean Devé, militant syndical, chef de gare à Villedieu, génial mécano des chenillettes Bren Carriers, tué à l’ennemi à Bir Hakeim le 10 juin 1942, compagnon de la Libération. Voyez-vous, Monsieur Macron, ce jour-là la France n’était pas à Vichy comme vous le prétendez, mais dans le désert lybien. Incarnée par un cheminot qui lui a donné sa vie.

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Brader Alstom aux Américains et aux Allemands, ça c’est fait. Balancer bientôt Airbus aux mêmes, ça c’est en cours. Le reste à l’avenant.

Faites dérailler Macron !

Alors comme ça, aujourd’hui, pour mieux exécuter encore les ordres de cette Europe allemande et ouvrir à la concurrence le transport ferroviaire, avec la conséquence qu’on imagine trop bien, c’est-à-dire la disparition d’un service public du transport par rails, nos élites dirigées veulent détruire la SNCF ? Elle qui constitue, bien sûr, un indispensable outil économique de service public dont nous avons besoin, mais aussi un patrimoine historique et culturel.

Eh bien, c’est non.

Camarades cheminots, votre combat ne sera pas seulement celui pour vos intérêts professionnels, catégoriels ou personnels, aussi légitimes soient-ils. Il sera aussi et surtout celui de garder à notre pays un bien qui lui est précieux. Il y a des moments, où chacun à sa place, on est porteur de l’intérêt national. «Celui qui est désigné doit marcher», disait Péguy. Vous aurez bien sûr en face de vous la partie servile des médias qui vous insultera et vous reprochera de « prendre les usagers en otage ». Vous aurez les sondages bidons, l’arrogance cassante de la caste et les capitulations des syndicats jaunes. Ne vous laissez pas intimider.

Quelles que soient les formes de lutte que vous choisirez, nous vous soutiendrons. Rappelez-vous que les seuls combats que l’on perd sont ceux qu’on refuse de livrer.



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