Les Slovènes ont toujours été des pragmatiques. On ne va pas leur reprocher. Ils avaient intégré le royaume de Yougoslavie après la première guerre mondiale en sentant bien qu’il vaut mieux être une petite nation tranquille dans un ensemble fédéral puissant qu’une petite nation faible au milieu d’autres petites nations tout aussi faibles. Après la seconde guerre mondiale, toujours avec la même idée, ils ont rejoint par referendum Tito et les communistes.
Plus tard, au début des années 90, ils ont compris que la Yougoslavie, c’était terminé, que ça allait faire vinaigre, que les Allemands étaient les vrais patrons en Europe et ils furent les premiers à quitter un pays qui n’existait presque plus mais dont l’agonie allait amener les massacres que l’on sait. Ensuite, ils ont demandé leur adhésion à l’Union Européenne mais comme ils ont toujours su se mettre du côté du manche, à peine entrés, ils ont dit au moment de la deuxième guerre du Golfe en 2003 qu’ils soutenaient Georges Bush dans sa croisade irakienne pour la démocratie et le pétrole réunis. Cela avait à l’époque vivement fâché le président Chirac qui tentait avec Villepin à l’ONU d’éviter le carnage.
Aujourd’hui, toujours à la pointe de la prudence, la Slovénie qui est dans la zone euro vient de s’apercevoir que ses deux millions d’habitants sont confrontés, comme les petits copains, à une vraie crise économique et financière. Récession, chômage à 12% et une dette qui est à 45% du PIB. Alors plutôt que d’attendre que Bruxelles vienne donner ses ordres comme en Grèce ou en Italie, le président Slovène vient de proposer comme nouveau premier ministre…un banquier !
Pourquoi en effet continuer de faire semblant que c’est encore la politique qui gouverne quand c’est désormais la finance. Il s’agit en l’occurrence de M. Voljc, 62ans, qui a dirigé la plus importante banque slovène, Nova Ljubljanska banka (NLB) entre 1992 et 2004. Il est aujourd’hui directeur pour l’Europe de l’Est et l’Europe centrale du groupe belge de bancassurance KBC. Il a également travaillé de 1979 à 1992 pour la Banque mondiale, dont il a dirigé la représentation en Amérique centrale.
On sent tout de suite que M. Voljc connaît son affaire et qu’il ne va pas se laisser impressionner par des criailleries sociales.
Si j’étais à la place de François Fillon, je ferais gaffe : un Baudoin Prot est vite arrivé.
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