L’année 2023 aura vu des tentatives par les Etats-Unis et l’UE pour réduire leur dépendance économique par rapport à l’Empire du Milieu. Pourtant, la favorisation d’importation d’autres pays que la Chine n’est qu’un trompe-l’œil.
Lors de son discours sur l’état de l’Union, le 13 septembre, la présidente de la Commission Ursula von der Leyen a réaffirmé la volonté de l’UE de réduire sa dépendance économique vis-à-vis de la Chine. On verra si l’Europe fait mieux que les États-Unis qui poursuivent cet objectif depuis l’élection de Donald Trump. Pour réduire le volume des importations en provenance de Chine et limiter l’accès des entreprises chinoises aux technologies de pointe américaines, le gouvernement a mis en place un système de tarifs, règles, subventions et désinvestissements. Une politique de « friendshoring » favorise des importations d’autres pays, avec lesquels les relations sont plus amicales, comme l’Inde, le Mexique, Taïwan ou le Vietnam.
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En apparence, le succès est au rendez-vous : pour la première fois depuis vingt ans, les États-Unis ont plus d’échanges commerciaux avec le Mexique et le Canada qu’avec la Chine. Mais ce résultat est trompeur. D’abord, la dépendance envers la Chine pour certaines matières premières reste inévitable. Ensuite, les chaînes d’approvisionnement sont complexes et opaques. Dans certains pays, des produits chinois sont tout simplement mis dans un nouvel emballage et réexpédiés aux États-Unis. Les pays « amis » qui fournissent désormais les États-Unis dépendent eux-mêmes de la Chine pour les intrants utilisés dans la fabrication des produits qu’ils exportent. Et cette dépendance envers la Chine est en progression. Le Mexique, premier exportateur de voitures vers les États-Unis, a doublé en cinq ans ses importations de pièces automobiles depuis l’empire du Milieu. Une étude de l’Institut économique allemand révèle que les importations allemandes de voitures et de pièces automobiles chinoises ont augmenté de 75 % cette année, tandis que les exportations dans l’autre sens ont baissé de 21 %. Il semble que les produits chinois restent trop abondants et bon marché pour que le monde s’en passe. Bonne chance, Ursula !